Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/621

Cette page a été validée par deux contributeurs.
617
LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

être franchie par des bâtimens au-dessus de 300 tonneaux. En 1838, on publiait un journal à Matagorda, qui comptait 500 habitans, et il était question d’établir entre elle et la Nouvelle-Orléans un service régulier de bateaux à vapeur. Colombus, Lagrange, Colorado-City et Bastrop s’échelonnent le long du fleuve à partir de Matagorda, et en remontant vers le nord. Il est certain que la navigation à vapeur ne rencontrerait aucun obstacle depuis la mer jusqu’à Bastrop, et je ne doute pas que bientôt les habitans de cette dernière ville, qui sont très industrieux et très actifs, ne s’entendent avec ceux de Matagorda pour l’organiser sur le Colorado.

On peut regarder le bassin du Colorado comme le centre du Texas ; aussi a-t-il été choisi pour recevoir, en 1810, le siége du gouvernement. Plusieurs villes, Lagrange et Colorado-City par exemple, se sont disputé cet honneur, qui sera en même temps un avantage ; mais c’est plus au nord, à 30 milles au-dessus de Bastrop, que doit être établie la nouvelle capitale. On lui a donné le nom d’Austin, en mémoire du patriarche et du fondateur de la colonie anglo-américaine du Texas. La position de cette capitale improvisée a été choisie avec intelligence. Elle touchera, par la partie supérieure du Colorado, à des districts métallifères sur lesquels vont se porter d’énergiques recherches, et la population qu’elle attirera nécessairement autour d’elle se trouvera sur le chemin des provinces septentrionales du Mexique, c’est-à-dire d’un pays bien mal disposé pour le gouvernement central de Mexico. Des motifs de haute politique ne sont donc pas étrangers à la résolution prise par le congrès texien de transférer la capitale sur le Colorado, et il ne faut pas le blâmer de cette hardiesse, bien qu’Austin doive pendant quelque temps se trouver à l’avant-garde du mouvement de la colonisation.

C’est entre les embouchures du Brazos et du Colorado que l’on place la baie de San-Bernardo, où l’infortuné Lasalle, cherchant l’entrée du Mississipi, avait fondé son éphémère établissement.

Le caractère de la végétation commence à changer sur les bords du Guadalupe, fleuve assez considérable qui se jette dans la baie d’Espiritu Santo, après avoir reçu la rivière San-Antonio, et qui arrose des prairies très fertiles. Des mimeuses, dont on rencontre çà et là quelques individus égarés dans la grande plaine de San-Felipe de Austin, se montrent ici de toutes parts et souvent s’agglomèrent en sociétés. Leur présence marque le passage d’une zone tempérée à une zone tropicale. Le Guadalupe serait assez large et assez profond pour recevoir des bateaux à vapeur ; mais il est si rapide, que proba-