15 pieds de profondeur, sur une largeur d’un demi-mille ; que le Tchénab conserve 12 pieds de profondeur dans la même saison, et le Râvy 6 pieds environ. Il s’ensuit que la navigation intermédiaire la plus étendue, sans transbordement, ne pourra s’effectuer qu’à l’aide de bateaux plats qui ne tirent pas plus de 4 à 5 pieds d’eau ; de pareils bateaux peuvent charger de 75 à 80 tonneaux, comme les grands bateaux sur le Rhin. Des bateaux à vapeur, construits dans le genre de ceux du pays, répondront parfaitement aux besoins de cette navigation mais il ne faut pas songer aux navires à quille tirant beaucoup d’eau. Burnes avait mis deux mois à remonter la rivière jusqu’à Lahore, 40 jours jusqu’à Moultân. Avec des bateaux à vapeur, on arrivera certainement de l’embouchure de l’Indus à Moultân, en 10 jours, au lieu de 40, que nécessiterait, comme on le voit, le hâlage, et déjà, de ce point comme centre, on pourra ouvrir des relations avantageuses avec les provinces voisines. Nulle part la marche n’est obstruée par des barrages, des rapides, des cataractes, et la nature semble avoir tout fait pour favoriser cette navigation intermédiaire. Le trajet de Lahore à la mer (une distance de 1000 milles environ) se fera probablement en moins de 15 jours ; à Moultân, en 6 jours ; de là à Bakkar en 4 jours au plus ; puis à Hyderabad en 3, et de là à l’embouchure en 2 jours. Nous ferons observer, à ce sujet, que du temps d’Aureng-Zeb, il se faisait un commerce considérable par l’Indus et le Râvy jusqu’à Lahore. Ce commerce, ruiné par les commotions politiques du pays, et surtout par les exactions des nombreux chefs qui s’étaient rendus successivement indépendans, sur les lignes parcourues par les marchands, va renaître, et probablement acquérir, sous la protection du gouvernement anglais, un développement bien supérieur à celui qu’il avait atteint à l’époque dont nous parlons.
Résumons en peu de mots les observations qui précèdent.
Les plus grands obstacles politiques s’opposaient depuis longues années au rétablissement de cette ligne commerciale si importante qui, de l’embouchure de l’Indus, atteint le pied de l’Himalaya. Les princes qui régnaient hier encore le long des rivages de ce fleuve grevaient de droits énormes le passage des marchandises ou pillaient les marchands. Le commerce était réduit à se frayer par terre des voies détournées et coûteuses. Entre Lahore et la mer, on comptait tout au plus dans ces derniers temps, sur tout le système de l’Indus, 700 bateaux, qui suffisaient pour le service des passagers et le transport des bagages et des marchandises. Quelle différence de là aux 300,000 bateliers du système richement peuplé du Gange ! Aujour-