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fleuves comme l’Indus exercent une immense influence sur la civilisation des peuples et sur leurs destinées. Ces vastes systèmes d’eaux navigables sont comme les artères et les veines de la terre ; sans eux, il n’est point de vie politique et commerciale complète ; par eux, l’humanité est fortement excitée au développement de ses forces utiles, et, s’organisant en grandes nations, elle sème à chaque instant, dans le présent déjà riche, les germes d’un avenir plus riche encore.

II. — LE SINDH.

Si nous avons réussi à donner une idée exacte du système fluvial de l’Indus et des circonstances particulières de son développement dans la partie inférieure de son cours, on comprendra que la province de Sindh ne vive, pour ainsi dire, que par ce fleuve, qu’elle lui doive son importance politique et commerciale, et que ses élémens de prospérité aient subi jusqu’à ce jour l’influence des causes physiques qui se résument dans les accidens de ce cours gigantesque, qu’une civilisation, toujours imparfaite, souvent rétrograde, n’a pu maîtriser encore.

Alexandre, cet homme d’une si grande prévoyance, d’une volonté si prompte et si ferme, d’une puissance d’exécution si merveilleuse, avait compris du premier coup d’œil le parti qu’on pouvait tirer d’une occupation permanente du Delta : il s’était rendu maître du cours navigable du fleuve en fondant des villes et en élevant des forts sur deux points qui sont précisément, on a tout sujet de le croire, ceux sur lesquels s’élèvent les villes modernes de Bâkker et de Tatta. L’œuvre ébauchée par cet homme, si grand qu’il fût, ne pouvait être achevée que par une nation, et avec toutes les ressources de la civilisation européenne. Ce que tout le génie et la persévérance d’Alexandre n’auraient pu accomplir, même relativement, pendant la durée d’un long règne, se fera de nos jours, sinon sans efforts, au moins sans lutte, et se fera surtout par l’introduction de la navigation à la vapeur, cette puissance miraculeuse qui seule pouvait, en assujettissant complètement le cours de l’Indus à la domination intelligente d’un

    moindre fleuve est de la plus haute importance pour le pays auquel il appartient. Par exemple, l’Isar, en Bavière, reçoit, depuis sa source jusqu’à son confluent, 860 rivières sur la rive gauche, dont 44 arrivent directement jusqu’à elle ; sur la droite, 433 en 59 lits. Elle est en tout alimentée par 130 lacs et 1,293 rivières, qui s’y jettent en 103 lits ; et cependant l’Isar n’est qu’un des trente-quatre affluens du Danube, qui lui-même n’occupe que le troisième rang parmi les grands fleuves de la terre.