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montagnes (comme le Gange vers le rempart éternel de l’Himalaya), quoique dans l’est une plaine immense s’étende devant lui. Dans ce cours, différens noms sont donnés à l’Indus par différens auteurs : Sar, Shar, Syr, Mehrân ; mais ils sont, ou erronés, ou importés (comme Mihran du Zenda Vesta, et Mehran-al-Sind d’Abulfeda). Aujourd’hui la rive orientale est habitée par des Sikhs, des Hindous et des Beloutchies ; la rive occidentale est peuplée par des tribus afghanes.

Au-dessous de Kahirie, à partir du parallèle de Sanngar, le cours de l’Indus, strictement parlant, jusqu’à Shikarpour, est désigné par le nom de Sindh supérieur. Plus loin, jusqu’au Delta de l’Indus, c’est le Sindh inférieur. La plaine étendue autour de Shikarpour, à l’ouest de l’Indus, s’appelle Kutch-Gandava ; du temps de l’empereur Akbar, elle portait le nom de Sévistân. Dera Ghazi-Khan est la seule ville considérable située au nord de Mittun-Kote, sur la rive droite de l’Indus ; sur la rive gauche, du côté de Pandjâb, il n’y en a aucune de quelque importance. Cette capitale est entourée d’un sol très fertile et remarquable, ainsi que Dera-Ismael-Khan, ville située à 7 milles géog. (35 m. angl.) plus au nord, — par ses beaux jardins et ses bosquets de dattiers. Autrefois appartenant au royaume afghan, elle fut constamment le but des excursions et du pillage des Sikhs, qui enfin, voyant que cette contrée était trop éloignée pour y détacher sans cesse des troupes, l’affermèrent au khan de Bahawalpour, dans le Daoudpoutra, pour six lacs de roupies (environ 1,500,000 francs) ; mais, comme ce district ne pouvait guère fournir plus de quatre lacs, le gouvernement du khan a eu recours à d’affreuses exactions, sous lesquelles ce malheureux pays a gémi jusque dans ces derniers temps. Les relations plus directes et plus régulières qui se sont établies entre le Nawab de Bahawalpour et le gouvernement anglais, en vertu des derniers traités, auront sans doute amené dans l’administration de ce petit état les améliorations importantes que réclamait l’humanité.

Quelques productions de la partie occidentale des districts riverains de l’Indus et du Damaun sont transportées dans le Pandjâb, surtout le bois de teinture appelé mandjit, qu’on porte au marché de Outch (pays des anciens Oxydrakes) ; mais la voie commerciale plus animée, qui mène à travers le Pandjâb à l’Indus, se trouve située plus haut, et va de Moultân au passage Kahirie. De là, la route des caravanes continue par terre jusqu’à Dera-Ismael-Khan ; puis, par Deraband et par le pays montagneux de Vaziri, à travers Ghizni, elle se dirige à Kaboul. Cette route, qui a été suivie en 1833 par