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au-dessous de Karabâgh, l’Indus, qui depuis son entrée dans l’Hindoustan prend le nom d’Attock, ou rivière d’Attock, se partage tout d’abord en quatre bras, qui courent en serpentant pour se réunir à peu de distance, se diviser ensuite en de nouveaux rameaux, se réunir et se diviser encore, de manière que le lit principal du fleuve, sous l’influence des crues inégales et des accidens du terrain, se déplace sans cesse. Près de Mittun Kote (Mittenda Kote), sous le 28° 55′ L. N., il reçoit du côté gauche, c’est-à-dire du Pandjâb[1], les eaux de cinq fleuves réunis en un seul sous le nom de Tchénab (d’après celui des cinq qui est le plus voisin de l’Indus), et désigné, à l’est de l’Indus seulement, sous le nom de Pandjund, Pandjnud ou Pandjnoud. Ce puissant affluent coule presque parallèlement à l’Indus l’espace de 70 milles, et à peu de distance, en sorte que pendant la saison des inondations, en juillet et en août, presque tout le pays intermédiaire est sous l’eau. Les cinq rivières qui arrosent le pays des Sikhs, et dont la réunion forme le Pandjnud, sont le Sutledje (Hesudrus des anciens), le Béyas ou Beyah (Hyphasis), le Râvy (Hydraotes), le Tchénab (Acesines), et le Djélôm (Hydaspes). Le plus considérable de ces fleuves tributaires est le Sutledje, qui prend sa source au lac Mansorawar dans l’Himalaya thibétain, à 5,200 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, et probablement dans le voisinage des sources principales de l’Indus. C’est à une distance de 900 milles de son origine, et sous-tendant pour ainsi dire l’arc immense décrit par le roi des fleuves de l’Inde, que le Sutledje rejoint ce dernier à Mittun Kote. Ainsi, comme deux bras gigantesques, l’Indus et le Sutledje embrassent le Pandjâb, le Kashmir et une partie du Thibet, et l’avenir politique et commercial de ces contrées est soumis désormais à l’influence de l’Angleterre, dont ces deux vastes cours d’eau navigables reconnaissent aujourd’hui la domination. Le Sutledje est navigable pour de grands bateaux dans la majeure partie de son développement fluvial. Après sa jonction avec le Beyah, dont le volume d’eau est au moins égal au sien, il prend le nom de Gharra jusqu’au Pandjnud. Après le Sutledje, le Tchénab est le plus important des affluens de l’Indus. Il n’a pas moins de 540 milles de longueur sur une profondeur moyenne de 10 à 12 pieds. Le Djélôm, le Râvy et le Beyah sont aussi des rivières assez considérables et comparables à plusieurs des principales rivières d’Europe par le volume de leurs eaux et l’étendue de leur cours.

  1. Pandj, cinq ; âb, eau ; Cinq-Eaux.