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REVUE LITTÉRAIRE
DE LA
GRANDE-BRETAGNE.[1]

C’est en 1688 que le protestantisme a pénétré définitivement dans la littérature et dans les mœurs britanniques. Ce génie protestant, dont Bossuet avait deviné la destinée et la chute, mais dont il n’avait pas prévu les longs succès, ce génie de l’analyse indépendante et de la critique individuelle avait éclaté violemment sous Élisabeth, Jacques Ier, Charles Ier, Charles II et Jacques II ; arme d’attaque ou de défense, il ne se présentait pas encore comme un élément organique. Sa nature même semblait s’opposer à ce qu’il créât ; il renfermait en lui la négation et la destruction. La révolution de 1688, avec ses lâchetés de détail et ses mensonges de légalité, accomplit une singulière œuvre : elle concilia les inconciliables et organisa le néant. Tous les groupes restèrent ennemis ; fatigués d’une guerre à mort, ils se contentèrent d’une hostilité permanente. On conservait sa haine en déposant ses armes. Le catholicisme seul était banni. En qualité d’ennemi commun, il servait à rallier par l’animosité toutes ces opinions divergentes, qui n’avaient pas d’autre sympathie que l’antipathie.

  1. Nous nous proposons d’examiner successivement, dans cette Revue, les productions importantes qui paraîtront en Angleterre ; mais nous avons cru devoir commencer par une appréciation générale de la situation littéraire de la Grande-Bretagne.