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DE
LA POLITIQUE ROMAINE
ENVERS LES PEUPLES CONQUIS.[1]

i.
ACTION DE ROME SUR LES RACES DE L’ITALIE.

Denys d’Halicarnasse, exposant les institutions primitives des Romains, celles qu’on attribue communément à Romulus, loue beaucoup ce peuple de n’avoir, contre l’usage suivi par les autres, ni exterminé ni réduit en servitude les habitans des villes conquises,

  1. L’auteur de l’Histoire des Gaulois, M. Amédée Thierry, doit publier dans quelques mois, pour faire suite à ce livre, dont la réputation est consacrée, une Histoire de la Gaule sous la domination romaine. En tête de ce nouvel ouvrage, dans une introduction qui ne forme pas moins d’un volume, l’auteur trace un vaste tableau de la société et du gouvernement envisagés en dehors de Rome, sous le point de vue des intérêts provinciaux et de la civilisation du monde soumis par la conquête. C’est une véritable histoire romaine, telle qu’un sujet de Rome aurait pu l’écrire vers le IIIe siècle, quand l’unité de l’empire était à peu près accomplie. On y sent par degrés et tour à tour l’action de la cité victorieuse sur toutes les races de l’ancien monde, puis la réaction de ces races sur l’Italie et sur Rome : conception neuve, qui donne la clé non-seulement des destinées de tant de peuples si fortement marqués à l’empreinte romaine, mais de celles de Rome elle-même, qui, après avoir détruit toutes les nationalités autour d’elle, vit à son tour sa propre nationalité emportée par le mouvement qui poussait tous ces peuples vers la même unité sociale.