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Cook assaisonnaient les sommités en guise de chou-palmiste. Le hinou sert aux Zélandais à teindre leurs étoffes en noir ; le tawa rappelle le sycomore pour le feuillage ; le rewa, le hêtre pour le grain du bois ; l’écorce du wao est une sorte de liége. Quant aux arbustes, ils sont innombrables : dans les ravins humides et à l’ombre de quelques myrtacées, vivent deux cyathées qui sont l’honneur du genre ; puis se déroulent des champs de fougère comestible, dont les rameaux serpentent et s’entrelacent de manière à former des fourrés impénétrables.

Point ou peu de mammifères à la Nouvelle-Zélande. Avant que le cochon y eût été importé des groupes des tropiques, on n’y connaissait que le chien et le rat. Les oiseaux sont plus nombreux, et il en est, dans le nombre, de particuliers à ces îles, comme le glaucope à caroncules, l’aptérix, sorte de casoar à bec grêle, un échassier du genre annarynque, peut-être le sphénisque nain, une colombe à reflets métalliques, un gros perroquet nestor au plumage sombre, puis un philédon à cravate blanche des plus gracieux et des plus coquets que l’on puisse voir. Il faut citer encore un grimpereau si familier, qu’il vient se poser jusque sur l’épaule du voyageur. Les espèces communes aux autres contrées y paraissent abondantes ; on y remarque des tourterelles, des perruches, des moucherolles, des synallaxes, des cormorans, des huîtriers. En fait de reptiles, on n’a encore aperçu que de petits lézards. Le poisson, appartenant aux familles des spares, scombre, serran et labre, est abondant sur certains parages, rare sur d’autres. La classe des mollusques a fourni quelques sujets importans, des haliotides, des struthiolaires, et un nouveau genre ampullacère, encore plus recherché.

Ainsi Cook avait tracé la route aux explorateurs qui devaient le suivre. Un capitaine français, Surville, poussé par les vents, abordait toutefois les côtes de la Nouvelle-Zélande presque en même temps que le marin anglais, et y poursuivait des explorations parallèles. Surpris par une tempête dans la rade d’Oudou-Oudou, il dut à un chef du pays le salut d’une portion de son équipage, et, par un fatal malentendu, ce fut sur ce même chef qu’il fit peser ses vengeances pour la perte d’un canot qu’on lui avait enlevé. Arraché de sa hutte et transporté à bord, ce malheureux insulaire, avant de s’éloigner, vit encore incendier son village. Ces douleurs successives le tuèrent ; il succomba en vue des îles de Juan-Fernandez. Cette mort et ce rapt allaient être cruellement expiés. Deux ans plus tard, un Français, le capitaine Marion, commandant les navires le Mascarin et le Castries,