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connaître le génie du pays et d’en attendre ce qu’il ne saurait donner. Par là s’élaborent les crises politiques, par là se préparent ces longs et anarchiques interrègnes dont la France parlementaire semble destinée à donner au monde le périodique spectacle. Ainsi s’altère la confiance, ainsi languissent les intérêts, ainsi les partis renaissent d’espérances mal éteintes.

Je n’ai pas le tempérament novateur, bien loin de là, car j’incline toujours à penser que ce qui est produit par cela même un très puissant argument en sa faveur. Cependant je n’hésite pas à dire qu’en laissant toute chose à son cours, par crainte de se montrer réformiste, on pourra bien un jour se réveiller tout près de l’anarchie. Je penche à croire que, dans un simple intérêt de conservation, on finira pas regretter d’avoir manqué à la fois de prévoyance et d’initiative. Dans mes prochaines lettres, j’essaierai de préciser ma pensée en ce qui se rapporte aux deux chambres et au corps électoral, c’est-à-dire au mécanisme du gouvernement représentatif, puis à la presse et à l’administration intérieure, c’est-à-dire à la direction de l’opinion publique.


L. de Carné.