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tourne alors au sud-ouest, et va gagner le Rhin, entre Dusseldorf et Cologne. De l’autre côté de ce fleuve, elle reprend la direction du nord-ouest, arrive à la Meuse, au-dessous de Maëstricht, et, passant entre Bruxelles et Gand, aboutit à la mer du Nord, vers Dunkerque. Le pays, situé au-delà de cette ligne, est composé de vastes dépôts d’argile, de sable et de tourbe ; il se termine au bord de la mer par des dunes ou collines de sable dont les vents et les flots changent sans cesse la disposition. Ces plaines uniformes sont jonchées d’une énorme quantité de fragmens de rochers qui semblent être les débris d’une grande chaîne granitique, semblable à celles de la presqu’île scandinave. Le Mecklenbourg et le Brandebourg se distinguent par le grand nombre de petits lacs dont ils sont semés, le Hanovre par ses immenses landes, et la Frise orientale par ses tourbières et ses marécages.

L’Allemagne, comme nous l’avons vu, se penche vers le nord, et il en résulte que ses grands fleuves portent leurs eaux dans les mers septentrionales. De là vient la supériorité industrielle et commerciale des provinces du nord ; car le seul fleuve du midi, le Danube, va se perdre dans une mer reléguée aux extrémités de l’Europe, et ses embouchures sont sous la loi ottomane. Il est déjà navigable à Ulm, ville célèbre appelée autrefois la reine de la Souabe. Il reçoit, à mesure qu’il avance, toutes les eaux venues des Alpes, à travers le plateau bavarois : le Lech, qui arrose Augsbourg, et dont les bords virent, au Xe siècle, la fameuse défaite des Hongrois par Othon-le-Grand ; l’Isar, qui passe à Munich ; l’Inn, qui apporte au Danube une masse d’eau au moins égale à la sienne ; la Traun, qui traverse les beaux lacs du pays de Salzbourg ; l’Enns, qui divise en deux parties l’archi-duché d’Autriche. Toutes ces rivières, tombant de si haut, sont à proprement parler de grands torrens qui laissent à sec, pendant l’été, la moitié de leur vaste lit, et plusieurs sont à peines navigables dans la plus grande partie de leur cours. Les hauteurs de la Franconie et de la Bohême, plus rapprochées du Danube, ne lui envoient que des cours d’eau peu considérables, dont les plus importans sont l’Altmuhl, la Nab, surtout la Morawa, sur les bords de laquelle Rodolphe de Habsbourg, vainqueur d’Ottokar de Bohème, fonda pour des siècles la puissance de la maison d’Autriche. Ce beau fleuve du Danube, allant se perdre au sein de la barbarie musulmane, n’a pu être jusqu’ici la source d’une grande activité pour les peuples qui l’avoisinent. Les difficultés que présente son cours en Allemagne, l’ont aussi long-temps empêché d’offrir au commerce une route facile