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LITTÉRAIRE.

La question académique, depuis la dernière fois que nous en avons parlé, a fait du chemin, ou du moins elle a fait du bruit. On ne peut dire que la lutte se soit engagée autour du fauteuil vacant de M. Michaud, puisque jusqu’à présent la candidature de M. Berryer reste la seule sérieuse ; mais la convenance de cette candidature a été fort controversée. Pour nous qui n’avons jamais vu un coin de politique dans cette affaire, qui ne prenons pas M. Berryer si au grave, qui l’estimons seulement un parleur très éloquent et même le plus éloquent de ce temps-ci à sa manière, il ne nous semblait pas que son admission à l’Académie Française fût autre chose qu’une gracieuseté littéraire un peu complaisante peut-être, mais convenable assurément. Dans l’état très peu vital où s’est mise l’Académie, il serait à souhaiter, sans nul doute, qu’elle songeât à s’adjoindre des gens de lettres, des poètes jeunes encore, célèbres déjà, et qui la remissent en équilibre avec le mouvement littéraire de ces dernières années. Mais l’Académie n’en est pas là, à ce qu’il semble ; les hommes éminens, historiens et philosophes, qui y sont entrés en assez grand nombre depuis une dizaine d’années, y ont été comme poussés par des considérations étrangères, par le flot de leur réputation politique et à la faveur plutôt de ce qu’ils avaient de moins spécialement littéraire. Ces hommes