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GANS.

RUCKBLICKE AUF PERSONEN UND ZUSTANDE.

Je viens de relire les lettres qui me restent de Gans et les notes que j’avais gardées de nos conversations à Berlin en 1830. Que cette lecture est triste ! quel pénible retour sur la vie ! et combien on en fait de ce genre, quand on est arrivé seulement à quarante ans ! Que d’amis on a déjà vus tomber autour de soi ! que de souvenirs ! que d’affections éteintes par la mort, et dont il ne nous reste plus que des lettres écrites, hélas ! dans tout l’entrain de la jeunesse, pleines de projets, pleines d’avenir, qu’on a lues autrefois en souriant de joie aux espérances d’un ami, et qu’on relit aujourd’hui avec un cruel serrement de cœur, quand on pense que de tant d’affections, de tant de bons et nobles sentimens, de tant d’ardentes émotions, de tant de vie, enfin, il ne reste plus rien, qu’au ciel une ame immortelle avec qui peut-être nous n’avons plus aucuns liens, et sur la terre une mémoire que le cours des années et les soins de chaque jour effaceront peu à peu du cœur des plus aimans !

Entre tous les amis que j’ai déjà perdus, un des plus regrettables et le plus illustre est Édouard Gans, né le 22 mars 1798 à Berlin, et mort dans cette ville le 5 mai 1839, dans sa quarante-deuxième année.