Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/686

Cette page a été validée par deux contributeurs.
682
REVUE DES DEUX MONDES.

l’or avec autant d’adresse que nos meilleurs ouvriers ; ils le filaient en perles, le tressaient en chaînes, et le réduisaient en feuilles en quelque sorte impalpables. Ils savaient aussi filer le verre. On voit, en effet, dans cette collection, des verres filés et des émaux qui rappellent les plus délicats ouvrages des verreries de Murano. Cet art des émaux leur venait sans doute des Égyptiens. Les bagues et cachets de cette collection sont ornés de pierres gravées, les agrafes et les épingles de pierres précieuses. Il y a dans le nombre une agrafe en améthyste que l’on croirait sortie de l’atelier de l’un de nos bijoutiers à la mode, tant la forme, quelque peu tourmentée, se rapproche de nos formes modernes, dites renaissance ; seulement l’améthyste n’est qu’arrondie et non taillée à facettes.

Le nombre des vases et des ustensiles de toute espèce trouvés dans ce tombeau est aussi très considérable. On remarque surtout à l’un des bouts de la salle un grand gril en bronze qui provient de la même fouille. Ce gril était recouvert d’une sorte de mince tissu en or battu, sur lequel, à ce que l’on suppose, étaient placés les restes du prince étrusque, dont on n’a pas découvert de traces.

Ces divers objets supposent un grand luxe et une civilisation raffinée. Quelles étaient, en effet, les richesses de ce singulier peuple, qui ensevelissait avec un de ses chefs pour un demi-million d’objets précieux ? Ces richesses devaient être immenses, car ces tombeaux sont en grand nombre, et s’ils ne renferment pas tous des trésors aussi considérables, aucun d’eux cependant n’est absolument dépouillé.

Cette même salle renferme un char étrusque en bronze et sans ornemens. Les roues, avec le cercle et les vis de bronze qui les retiennent au moyeu, sont attachées au char, qui pourrait rouler encore ; le corps du char est formé de lames de bronze battu, qui paraissent fort minces, et que la hache devait facilement entamer. Ce char est très bas, très lourd, et devait être une voiture fort incommode, dure surtout, puisque le corps du char portait à vif sur l’essieu, et rendait un horrible bruit de chaudron. C’était là cependant l’équipage de guerre des héros d’Homère.

On voit aussi des braisières (focone) tout-à-fait semblables à celles dont on se sert encore de nos jours pour se chauffer en Toscane et dans les environs de Rome, pays sans cheminées. Nous remarquerons encore une toilette de femme, de forme ovale, ornée de bas-reliefs et de statuettes en bronze d’une charmante exécution. Ce coffre, qui renferme les pinces, les miroirs, les peignes, et tous les ustensiles de toilette d’une petite maîtresse étrusque, est porté sur quatre