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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

tiens. Ces vases servant aux funérailles, et du nombre de ceux que les Grecs appelaient balsamaires (λήκυτος), sont décorés de peintures appropriées à ces cérémonies. Ce sont des transfigurations de Bacchus en dieu des enfers, ou Bacchus Zagréen, des luttes du génie du bien contre le génie du mal. Cette lutte est figurée de différentes manières ; mais d’ordinaire le génie du bien est représenté par cet Ized ailé en costume babylonien qui serre entre ses mains le cou d’une autruche, oiseau consacré à Ahriman. Les Étrusques, qui entretenaient des relations de commerce avec l’Orient, lui empruntaient ses superstitions, le culte de Bacchus multiforme et à mille noms (myriomorphos et myrionime) et son mystique dualisme.

À cette même époque primitive appartiennent encore ces vases de terre noire qui n’ont pas été présentés au feu, mais qui doivent leur adhérence et leur solidité au vernis de plomb ou de manganèse dont on les a revêtus. Sur les anses, la base, et même sur le corps de ces vases, sont disposés des bas-reliefs estampés, représentant des sujets mythologiques, des chars et des génies ailés, des jeunes garçons et des jeunes filles les mains jointes sur la poitrine et supplians, des offrandes aux dieux infernaux, des processions d’ombres et d’initiés aux mystères funèbres, des cérémonies d’initiation et de consécration, enfin toutes sortes de compositions se rapportant aux mystères de la vie future et à la transformation des ames, mais toujours figurées d’après des symboles orientaux étrangers aux mythes grecs. Sur quelques-uns de ces vases, on voit représentées les divinités étrusques : Thalna (Junon), Aplu (Apollon), Hercla (Hercule), Tinia (Bacchus), grand dieu des ames ; d’ordinaire ces divinités ont des ailes, la plupart sont armées de la foudre[1]. Sur d’autres apparaît la monstrueuse effigie de Mantù la magicienne, cette gorgone des Toscans qui tire effroyablement la langue, et qu’on plaçait à dessein sur ces vases funéraires, comme tant d’autres images horribles, pour terrifier les sacriléges profanateurs des tombeaux.

La plupart de ces vases étaient, en effet, consacrés aux funérailles. Les nécropoles de Tarquinie, de Chiusi (Clusium), de Bolsena et de Cerveteri en renfermaient une quantité prodigieuse. Les grandes urnes poreuses ou canopes, qu’on trouve aussi dans ces mêmes tombeaux, sont de cette première époque de l’art.

Aux immobiles et symboliques figures de la période égyptienne

  1. Neuf divinités étrusques portaient la foudre en main : Apollon, Hercule, Bacchus, Mars, Vulcain, Pan, Cybèle, Pallas et l’Amour.