mouvemens anarchiques de sa conscience. Lorsque, lassé de chercher en vain, à travers ce siècle superstitieux d’une part et incrédule de l’autre, une formule qui éclairât sa croyance, il succombait à un désespoir sublime, il écrivait d’une main brûlante de fièvre « Mourir ! redevenir le rien que j’étais avant de naître à la vie et à la douleur vivante ! »… « Le silence de ce sommeil sans rêve, je l’envie trop pour le déplorer ! »… « Les hommes deviennent ce qu’ils ne s’avouent pas à eux-mêmes, ce qu’ils n’osent se confier les uns aux autres. » Mais ces heures de découragement n’attestent-elles pas la lassitude douloureuse d’une ame qui s’épuise à la recherche d’une certitude d’immortalité ? Dans son dialogue avec la fée des Alpes, Manfred raconte ainsi sa vie ; je cite ce passage à dessein, pour montrer que cette vie passée de Manfred est bien celle de Faust, mais que celui qui la raconte n’est plus Faust, car il croit à l’immortalité de l’intelligence.
Ici, Manfred raconte l’épisode d’Astarté qui a le tort de ressembler à l’histoire de René et d’Amélie de M. de Chateaubriand ; mais ceci s’est fait, à coup sûr, à l’insu de Byron : son génie était fait de telle sorte que les réminiscences y prenaient souvent la forme de l’inspiration. Puis Manfred reprend :
Lorsque Manfred approche de son agonie, il s’adresse au soleil, et, admirant la nature comme Faust, il lui parle pourtant comme Faust n’eût pas su le faire :