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REVUE DES DEUX MONDES.

M. Ampère, dans sa remarquable Histoire littéraire de France, a souvent abordé l’étude des mêmes hommes, poètes profanes ou chrétiens, rhéteurs ou écrivains religieux ; mais le livre si complet de M. Ampère laisse place encore à la curiosité pour les recherches de M. Collombet. Ce dernier, en effet, a étendu son travail à l’église latine tout entière. Le volume s’ouvre par un tableau politique et religieux du monde chrétien du Ier au IVe siècle. L’auteur apprécie ensuite, en les classant logiquement, les versificateurs et les historiens religieux et profanes, les jurisconsultes, les philosophes, les médecins et les géographes. Il procède ordinairement par l’analyse ou la citation textuellement traduite, et le livre offre de la sorte une sorte d’excerpta, où se résument et s’enchaînent les fragmens les plus saillans d’une littérature qui laisse souvent échapper d’admirables éclairs du sein de ses ténèbres. M. Collombet promet de conduire ce premier travail jusqu’à saint Bernard. Nous l’engageons à persister dans ce dessein. La littérature latine du moyen-âge est assez féconde pour que l’érudition moderne y trouve encore d’intéressans sujets de recherches, même après les immenses travaux des Remi Cellier et des Lenain de Tillemont, dont on semble généralement de nos jours trop disposé à méconnaître la valeur. Pour peu que M. Collombet continue ses estimables travaux, il aura accompli pour la Gaule ce que Goujet et Niceron ont fait pour des temps plus modernes.


On voudrait varier davantage ces notices ; mais on a beau feuilleter le journal de M. Beuchot, qui enregistre chaque semaine les pâles produits de la librairie : on y distingue à peine quelques réimpressions d’une certaine importance. Parmi les ouvrages sérieux qui méritent un examen spécial, nous ne faisons que signaler ici le Cours d’économie politique de M. Rossi, dont on attend prochainement le second volume. Les Écrits de Washington, publiés par M. Guizot, et précédés de considérations approfondies sur l’illustre personnage, sont aussi sur le point de paraître. Parmi les livres tout-à-fait spéciaux, nous indiquerons comme essentiel aux personnes qui s’occupent de législation le travail qu’un honorable magistrat du tribunal civil de la Seine, M. Anthoine de Saint-Joseph, vient de publier sous le titre de Concordance entre les Codes civils étrangers et le Code Napoléon[1]. Il serait désirable que cet estimable travail d’exégèse fût étendu aux autres codes, et que la législation commerciale, criminelle, administrative, eût de la sorte ses tableaux synthétiques. Puisque nous en sommes aux ouvrages spéciaux, on peut noter encore le Droit administratif de M. Laferrière, et le travail de M. Ortolan sur les Institutes, qu’il veut absolument, et contre l’usage commun, appeler Instituts Mais cela s’éloigne bien des lettres ; elles auront aussi leur tour : l’hiver qui s’approche va nous rendre sans doute le contingent de la saison. Nous espérons que les écrivains sur lesquels on a droit de compter sortiront enfin de leur sommeil, qui se prolonge trop long-temps.



V. de Mars.
  1. Un vol.  in-4o, chez Hingray, rue de Seine, 10.