Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/418

Cette page a été validée par deux contributeurs.



REVUE
LITTÉRAIRE.

La littérature n’est pas très vive : le sera-t-elle cet hiver, et se relèvera-t-elle par quelque coup d’éclat de l’espèce de marasme qui a suivi ses excès ? paraîtra-t-il quelque œuvre d’imagination, quelque beau roman inespéré, quelque poème ou drame duquel chacun dise : L’avez-vous vu, l’avez-vous lu ? Je ne sais si, l’œuvre même échéant, le public serait en mesure, et si son attention se trouverait assez vacante pour cela. Cette indécision, disons le mot, cette apathie littéraire, se trahit en ce moment même dans la lutte très peu animée (si lutte il y a) pour le fauteuil de M. Michaud à l’Académie française. Voilà long-temps sans doute que l’Académie n’est plus au centre de la littérature actuelle ; elle s’en est rapprochée toutefois : où sont donc les jours où l’on faisait tant d’efforts pour la ranimer, la piquer d’honneur, et où l’on menaçait de l’envahir ? On a parlé de la candidature de M. Augustin Thierry : nul doute que si l’historien épique des Normands, le peintre ferme, sobre et accompli des premiers siècles de la monarchie française, avait insisté pour un siége spécial parmi les quarante académiciens qu’on répute maîtres en notre langue, il ne l’eût obtenu, et à l’unanimité, j’aime à le croire. M. Thierry ne se présentant pas, M. Berryer s’est levé. Quand M. Berryer se lève, chacun se tait d’ordinaire et consent d’avance, quoi qu’il aille dire. On assure, et nous le pensons aisément, que M. Berryer a toutes les chances. Quelques personnes ont remarqué que M. Berryer n’a rien écrit : on pourrait répondre sans épigramme que c’est là un avantage de plus pour être de l’Académie française, quand on en est digne d’ailleurs. Je ne suis pas de ceux qui croient que la