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REVUE DES DEUX MONDES.

Si ceci avait besoin de preuves, n’en trouverait-on pas de surabondantes dans de récens évènemens parlementaires ? Avec qui ont marché les chefs du parti conservateur, ceux dont les efforts les plus soutenus avaient eu pour but de l’organiser ? Dans quels rangs ont-ils trouvé leurs alliés et leurs adversaires ? Quelle puissance reconnaître, après un si éclatant exemple, à une idée qui aboutit à de tels résultats ? Où gît en France cette foi profonde aux institutions du pays, le respect du passé confirmé par tous les intérêts du présent, par les enseignemens sacrés de l’enfance, et par les patriotiques souvenirs de toute la vie ? Sachons envisager notre position de sang-froid et sous toutes ses faces ; ne faisons pas d’un mot un talisman sans puissance. La première condition pour gouverner avec quelque durée et quelque gloire la société française, c’est de conquérir sur les factions les idées dont elles pourraient plus tard abuser contre le pouvoir ; la seule politique habile et vraiment conservatrice est celle qui ne se laisse pas devancer par les partis non plus que surprendre par les évènemens.

Dans une prochaine lettre, monsieur, nous étudierons, sous ce point de vue, l’ensemble de notre système électoral.


L. de Carné