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LITTÉRAIRE.

I. — Hugues Capet, par M. Capefigue[1].

Pendant que des romanciers industriels se livrent à tous les déportemens d’une imagination chauffée par l’ardeur du gain, il semble du moins que les études plus graves demeurent défendues par leur sérieux et leur difficulté même ; que l’histoire en particulier, honorée de nos jours par tant de beaux travaux et quelques vrais monumens, ait échappé à cette espèce de dilapidation qu’ont subie des genres plus faciles. Cela reste exact généralement ; même au-dessous des ouvrages considérables, et qui ont valu la gloire à leurs auteurs, des compilations historiques dignes d’estime se font remarquer par des recherches, par des soins, par le respect des faits. Prenons garde pourtant. La gravité du genre déguise quelquefois assez long-temps la légèreté de l’auteur ; s’il n’est guère possible, dans les travaux d’histoire, d’abuser les savans, rien n’est plus aisé que de donner le change au public. À l’aide du dédain des hommes spéciaux, de la complaisance et de la crédulité des autres, on arrive à se faire, en manipulant de vieilles époques, une manière de réputation et d’autorité ; si surtout l’on flatte les faiblesses et les vanités d’un parti, l’on a ses lecteurs. Tant que ce genre de succès reste modeste, il est peut-être assez innocent pour qu’on le laisse vivre ; mais s’il sort des bornes, si la har-

  1. vol. in-8o, chez Levrault, rue de la Haye