Les dieux n’ont pas tout dit à la matière impure
Qui reçut dans ses flancs leur forme et leur beauté.
C’est une vision que la réalité.
Non, des flacons brisés, quelques vaines paroles
Qu’on prononce au hasard et qu’on croit échanger,
Entre deux froids baisers quelques rires frivoles,
Et d’un être inconnu le contact passager,
Non, ce n’est pas l’amour, ce n’est pas même un rêve ;
Et la satiété qui succède au désir,
Amène un tel dégoût quand le cœur se soulève,
Que je ne sais, au fond, si c’est peine ou plaisir.
Est-ce peine ou plaisir, une alcôve bien close,
Et le punch allumé, quand il fait mauvais temps ?
Est-ce peine ou plaisir, l’incarnat de la rose,
La blancheur de l’albâtre, et l’odeur du printemps ?
Quand la réalité ne serait qu’une image,
Et le contour léger des choses d’ici-bas,
Me préserve le ciel d’en savoir davantage !
Le masque est si charmant que j’ai peur du visage,
Et, même en carnaval, je n’y toucherais pas.
Une larme en dit plus que tu n’en pourrais dire.
Une larme a son prix ; c’est la sœur d’un sourire.
Avec deux yeux bavards parfois j’aime à jaser ;
Mais le seul vrai langage au monde est un baiser.
Ainsi donc, à ton gré, dépense ta paresse.
Ô mon pauvre secret, que nos chagrins sont doux !
Ainsi donc, à ton gré, promène ta tristesse.