l’Angleterre, on peut connaître du moins la somme de ses exportations. En voici le tableau exact, jusques et y compris l’année 1837. Nous le donnons à la fois pour les fils et les tissus, ainsi que pour les articles de rubannerie et de mercerie, avec la double indication des quantités et des valeurs, telles qu’elles sont déclarées à la douane.
ANNÉES | TISSUS | FILS | RUBANNERIE et MERCERIE. | ||
QUANTITÉS. | VALEUR DÉCLARÉE. | QUANTITÉS. | VALEUR DÉCLARÉE. | ||
Mètres. | Francs. | Kilogrammes. | Francs. | Francs. | |
1833 | 57,794,513 | 52,431,825 | 349,196 | 1,800,000 | 1,743,775 |
1834 | 62,000,555 | 58,949,775 | 974,505 | 3,407,800 | 2,133,875 |
1835 | 71,271,059 | 72,328,475 | 1,175,047 | 5,415,875 | 2,475,100 |
1836 | 75,028,460 | 80,950,775 | 1,707,206 | 7,969,300 | 2,207,350 |
1837 | 53,401,668 | 51,585,625 | 3,124,841 | 11,982,675 | 1,600,500 |
On remarquera que, pour les tissus, la somme des exportations, qui s’était accrue d’une manière assez rapide dans les années précédentes, a diminué en 1837. Il en a été de même pour les articles de rubannerie et de mercerie. C’est qu’à cet égard le grand débouché de l’Angleterre est aux États-Unis, et que la crise commerciale de 1837, dont ce pays a été le principal théâtre, a resserré ce débouché. Nul doute qu’il ne soit maintenant rétabli. Quant aux fils, la progression s’est soutenue, grace aux expéditions dirigées sur le continent européen et particulièrement sur la France. Au surplus, l’exportation des fils est celle que nous avons surtout à considérer, et c’est ici que la progression dépasse toute mesure, puisque l’exportation, qui n’était encore en 1833 que de 1 million 800 mille francs, s’est élevée en 1837 à 11 millions 982 mille 675 francs ; c’est-à-dire qu’elle a été plus que sextuplée dans l’espace de cinq ans. L’année 1838 a produit des résultats encore plus étonnans ; car l’exportation pour la France seulement s’est élevée à plus de 6 millions de kilogrammes, ce qui donne une valeur d’environ 23 millions de francs.
En voyant ces progrès, on se demande si l’industrie du lin est vraiment destinée à renouveler les prodiges de l’industrie du coton ; si elle doit donner une seconde fois au monde le spectacle de cette élévation rapide, soutenue pendant plus d’un demi-siècle, et de cette fortune gigantesque. Il y a des raisons de douter, mais aussi des raisons d’espérer.