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Églogue Napolitaine.[1]



Du tombeau de Virgile adorant la colline,
Je m’étais promené jusqu’à la Mergilline[2],
Tout plein de ces doux noms que le rêve poursuit.
La Sibylle vers Cume aussi m’avait conduit.
À Naples, le Musée en son savant dédale
M’avait longtemps offert tout un vivant Ménale :
Dianes et bergers, bacchantes et chasseurs,
Silènes endormis, satyres ravisseurs,
Que Pompéï creusé fit sortir dans leur gloire,
Qu’André de loin fêtait sur sa flûte d’ivoire ;
Puis, dans Pompéï même, à loisir égaré,
J’avais mêlé d’amour le profane au sacré,
À chaque seuil désert revu chaque dieu lare ;

  1. Nous avons publié dans le dernier numéro un récit de voyage à Salerne et à Pœstum, par M. Frédéric Mercey. L’exact et spirituel touriste a indiqué le mélange singulier d’architecture, de sculpture chrétienne et païenne, qu’offre la cathédrale de Salerne. C’est l’impression qu’on éprouve à chaque instant dans cette portion de l’Italie ; la Grèce y domine encore ; le paganisme y a souvent passé tout crûment dans le catholicisme qui ne l’a pas même modifié. Un de nos poètes qui a voyagé, il y a quelques années, en Italie, a tâché de rendre cette influence toute grecque et toute païenne qu’on respire en ces lieux, dans le climat, dans les mœurs, dans les souvenirs, dans les musées, jusque dans les églises même : il est inutile d’ajouter que si quelque ton satirique s’y mêle, il ne porte que sur des formes superstitieuses qui sautent aux yeux. Ce qu’on a voulu rendre et dire, c’est que ce pays est bien toujours celui de la sirène.
  2. La plage au bas du Pausilype, qu’habita et chanta Sannazar.