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LES MARBRES D’ÉGINE.

qu’elles contiennent ; l’Égypte y sert, comme dans l’histoire, d’introduction à la Grèce, et la date des chefs-d’œuvre de celle-ci se lit facilement dans leur succession. On en peut dire autant du musée de Berlin, qui a l’avantage d’avoir été construit par M. Schinckel, et qui passe pour être l’un des mieux classés de l’Europe ; il faut adresser les mêmes éloges à la Glyptothèque de Munich.

Mon dessein n’est pas de présenter une analyse complète de tous les morceaux que renferme cette galerie ; ceux qui les voudront connaître en détail pourront consulter la description que M. L. Schorn en a donnée. Cependant je serai obligé d’en faire un croquis rapide, pour qu’on puisse comprendre toute la valeur des marbres d’Égine.

Douze salles composent le seul étage dont la Glyptothèque est formée. La première est consacrée aux objets de l’art égyptien ; on y voit deux sortes de monumens, ceux qui appartiennent à l’art antique de l’Égypte, et ceux qui ont été imités par les Grecs et par les Romains, après la conquête de ce pays. Parmi les premiers on remarque plusieurs de ces urnes en albâtre oriental, appelées canopes, une statue en basalte noir représentant Hermès Trismégiste, avec la clé du Nil à la main, une statue de Sésostris sous forme de momie, un homme et sa femme, assis sur un double siége à pieds de lion : ce groupe, d’une grande naïveté, donne des indications importantes sur le rôle joué par le naturalisme dans l’art égyptien, que Winckelmann et la plupart de ses successeurs ont presque toujours présenté comme un art de pure convention. Parmi les fragmens de la seconde série, qui sont beaucoup moins curieux, on distingue une statue colossale en rosso antico d’Antinoüs, une statue d’Horus, fils d’Isis, et un petit obélisque, qui ont été imités par les Romains, d’après l’ancien style indigène. On a joint à ces objets plusieurs figures apportées de l’île Java, et considérées comme des produits de l’art indien ; deux d’entre elles ont été désignées sous le nom de Brahma et de Budha.

La salle des Incunables, qui est la seconde, a reçu ce nom parce qu’on y a rangé quelques rares morceaux de l’époque qui est regardée comme le berceau de l’art grec. Le nom d’étrusque, qu’on a donné aussi à cette époque, a été sérieusement contesté, mais il est plus généralement connu. Toutefois ce ne sont pas des vases étrusques qu’on trouve dans cette salle ; on y voit les fragmens d’un char étrusque en bronze découverts en Italie aux environs de Pérouse, un candélabre antique aussi en bronze et de la même époque, avec l’image d’Hercule et celle de Junon, et des bas-reliefs en terre cuite,