Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/826

Cette page a été validée par deux contributeurs.



DE
L’ART GREC.

LES MARBRES D’ÉGINE.

I. — LA GLYPTOTHÈQUE DE MUNICH.

La découverte des marbres d’Égine, qui forment la principale richesse de la Glyptothèque de Munich, a ému tous les savans de l’Europe ; les problèmes qu’elle a soulevés, et qui ne vont à rien moins qu’à renouveler toute la théorie de l’art grec, ne sont pas, je pense, une des nouveautés les moins intéressantes qu’on puisse offrir à la curiosité de notre époque. Instituteurs des artistes modernes, les Grecs seront un objet d’enthousiasme et de méditation tant que le sentiment du beau fera battre le cœur des hommes ; et pourtant, on ne peut se le dissimuler, que d’entraînemens aveugles et d’erreurs funestes n’a-t-on pas autorisés par leur exemple ! Si c’est à eux que nous devons la Renaissance, leur influence se trouve aussi dans la décadence qui a suivi ; pour citer des preuves qui soient sous nos yeux, Louis David et M. Ingres, auxquels on a attribué tour à tour, selon les partis, la régénération de l’art et sa déviation, ont tous deux réclamé l’honneur d’être les élèves de la Grèce.

Pourquoi les Grecs ont-ils exercé des influences si opposées ? Pour-