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DU GOUVERNEMENT REPRÉSENTATIF EN FRANCE.

de 1830, se rallièrent promptement à une idée qui se produisait avec une aussi haute autorité ; les ambitieux s’y rallièrent aussi graduellement, en ayant soin de prendre les réserves commandées par leurs antécédens, et ce retour fut d’autant moins difficile qu’ils appartenaient tous, par leurs intérêts, à la classe dont l’établissement au pouvoir se produisait alors avec l’irrécusable autorité d’un fait consommé.

Cet accord qu’on a tardé quelques années à confesser, mais qui, depuis assez long-temps, était devenu réel, fut sans doute un évènement heureux pour l’ordre social ; mais on put y découvrir pour notre gouvernement le principe d’une crise aux développemens de laquelle nous assistons aujourd’hui, et dont il est difficile d’assigner encore les dernières conséquences.

Comprenez bien, je vous prie, dans quel milieu et au sein de quelles difficultés nouvelles dut se mouvoir la machine constitutionnelle, lorsqu’eut cessé cette guerre si vive entre deux intérêts politiques si divers, entre deux théories si opposées. Pesez bien tout ce qui devait résulter d’un état de choses dans lequel, à part quelques démonstrations sans importance, il n’y avait plus à se manifester qu’une seule idée sociale, et où dès-lors l’opposition combattit moins pour substituer une doctrine à une autre que pour se faire charger de son application.

La lutte contre l’école aristocratique, si vive sous la restauration, avait cessé du jour où le principe de la royauté s’était trouvé changé ; car, s’il était impossible déjà de fonder une aristocratie héréditaire sous la vieille légitimité historique, cela était devenu visiblement absurde sous la monarchie élective. Le parti légitimiste, retiré dans ses terres et défendu par des organes malhabiles, n’était plus assez redoutable pour alimenter l’ardente controverse de la tribune ; on répondit par des mesures arbitraires à des intrigues sans portée, et l’on cessa de s’occuper des carlistes, du jour où l’on eut pris leurs places.

Les républicains ont donné plus de souci, parce qu’ils se sont moins facilement résignés à leur fortune, qu’ils ont toujours espéré suppléer au nombre par l’audace, et que, comptant moins sur la Providence, ils ont plus souvent agi par eux-mêmes. Mais c’est toujours contre le parlement, et jamais dans son sein, qu’ont eu lieu ces tentatives ; les idées républicaines sont restées sans organes avoués à la tribune, et ce parti, avant de descendre au guet-apens, n’avait pas même essayé une organisation parlementaire.

L’adoption des lois de septembre 1835 ferma, dans la chambre,