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avec sa bonté ordinaire et l’accepter. » — Des chiens de chasse à Louis XVIII !

C’est lord Burghersh qui instruisit, par une dépêche, lord Wellington de l’embarquement de Napoléon à l’île d’Elbe. De Vienne, lord Wellington se hâte d’en prévenir le vicomte Castlereagh, alors premier ministre. La résolution de résister à Napoléon fut prise instantanément, et des officiers russes, prussiens et autrichiens, porteurs de lettres autographes de leurs souverains, furent envoyés à Louis XVIII avec des ordres pour se rendre de Paris dans les différens pays où séjournaient les armées, et pour les mettre en mouvement. Tout le monde connaît la déclaration des puissances alliées, signée à Vienne le 13 mars. Dans le pli sous lequel lord Wellington l’adressait au ministère anglais, il annonçait que l’empereur de Russie lui avait déclaré, le même jour, qu’il n’opérerait aucun mouvement de troupes sans les subsides de l’Angleterre. Cette déclaration autorise à penser que la Russie n’attachait pas une aussi grande importance que l’Angleterre au maintien de la monarchie restaurée l’année précédente, et que menaçait Napoléon.

Peu de jours après cette communication, lord Wellington se trouvait déjà à Bruxelles, organisant la guerre avec une activité qui eût été peut-être sans égale s’il n’avait eu Napoléon devant lui. Là il s’occupait à la fois de presser l’affaire des subsides de la Russie, d’envoyer des plans de campagne à lord W. Bentinck pour le cas d’une attaque de Murat contre les Autrichiens, et de rassembler les troupes alliées dans les Pays-Bas. Dans ce premier moment, on ne pouvait encore disposer que de 23,000 hommes de troupes anglaises et hanovriennes, et de 20,000 hommes de troupes hollandaises et belges, sans compter 13,000 hommes qui formaient les garnisons de Mons, de Tournay, d’Ypres, d’Ostende, de Nieuport et d’Anvers. Cependant les rapports secrets que lord Wellington recevait de Paris lui semblaient de nature à faire hâter l’arrivée des autres contingens en Belgique. Il n’est pas sans intérêt de montrer la manière dont il envisageait la situation, dans une lettre qu’il écrivit au comte de Clancarty, au retour d’une visite qu’il venait de faire à Gand au roi Louis XVIII.

Selon lord Wellington, la grande majorité de la population de la France était décidément opposée à Napoléon ; un grand nombre de généraux, d’officiers, la majorité de la garde nationale, et un certain nombre de régimens de ligne étaient restés fidèles au roi. La population de toutes les villes fortifiées, et particulièrement de Dunkerque, était dévouée aux Bourbons ; 44,000 hommes étaient accourus dans