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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

les souverains alliés, coupable envers les habitans de ce pays, si je les livrais à votre altesse royale prématurément et contrairement à leur inclination.

« Je ne me suis mêlé en rien du gouvernement de la ville de Bordeaux, et je recommande à votre altesse royale d’éloigner M. de Carrère du département des Landes. J’espère que je n’aurai pas besoin de lui écrire comme je l’ai fait à M. de Toulouset, et il me serait vraiment désagréable d’avoir à agir rigoureusement par suite d’un malentendu avec votre altesse royale ; mais je ne puis permettre que l’honneur, que la loyauté du caractère des souverains alliés ou du mien, soient mis en doute un seul moment.

« 3o Je n’hésitais pas à déclarer que, si quelque manifestation avait lieu en faveur de la famille de votre altesse royale, il était important qu’elle fût générale, et je désire sincèrement qu’il en soit ainsi.

« Mais je ne puis contribuer, d’aucune manière, à produire ce résultat, et je dois, en ma qualité d’honnête homme, faire connaître, ainsi que je l’ai fait jusqu’à présent, à tous ceux qui s’adresseraient à moi, à ce sujet, la situation réelle des affaires et les rapports des alliés avec le gouvernement existant en France aujourd’hui.

« Je ne me souviens d’aucune conversation particulière entre M. de Vielcastel et moi, à Pau, où j’aie montré une autre tendance ou d’autres principes que ceux mentionnés plus haut.

« Il ne m’est pas possible, dans les circonstances actuelles, de faire à votre altesse royale les avances d’argent qu’elle désire, et surtout, après ce qui s’est passé, je ne saurai trop prendre garde à ne pas excéder la ligne de nos devoirs, en donnant quelque appui ou quelque consistance à votre cause.

« En réponse à la note des conseillers de votre altesse royale, que votre altesse royale a bien voulu me transmettre, elle me paraît écrite dans les vues erronées de la proclamation du maire de Bordeaux.

« L’objet de cette note est de prouver que je suis tenu de donner aux actes de gouvernement de votre altesse royale l’appui des forces de l’armée, parce que votre altesse royale est entrée dans ce pays avec l’armée, et parce que j’ai été spectateur passif de la déclaration d’une partie de la ville de Bordeaux en faveur de la famille de votre altesse royale, etc.

« Je dois dire que c’est une curieuse demande à me faire, à moi, qui puis être considéré, à quelque égard, comme un allié, de me demander des troupes pour appuyer les actes civils de votre altesse royale, tandis que j’aurais le droit d’attendre l’assistance militaire de votre altesse royale contre l’ennemi commun !