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qu’il n’eût pas songé un moment à se venger d’une injure personnelle. Mais bientôt des intérêts d’une plus haute importance viennent occuper lord Wellington.

À peine les armées étrangères eurent-elles touché le territoire français, que tous les mécontens s’agitèrent, et que les partisans des Bourbons, qui avaient repris espoir depuis les désastres de nos armées, parcoururent les parties du pays occupé par l’ennemi, et cherchèrent à entraîner la population. Les premières manifestations qui eurent lieu ne témoignèrent que du désir de voir se terminer les longues guerres dont les résultats pesaient si cruellement en France. La plupart de ces manifestations avaient, il faut l’avouer, un caractère peu national, et les lecteurs français trouveront de tristes pages de ce genre dans la collection des dépêches du duc de Wellington. J’y lis l’adresse suivante : « Monseigneur, les notables des communes de Saint-Jean-de-Luz et de Siboure se présentent devant votre seigneurie pour lui exprimer la reconnaissance de tous les habitans pour la faveur qu’ils ont de la posséder parmi eux. Une guerre affreuse fait gémir en secret toute la France, qui n’a d’autre désir, d’autre besoin que la paix. Nous savons, monseigneur, que tous vos soins ne tendent qu’à atteindre ce but. Puissiez-vous réussir dans un si noble projet ! Vous aurez des droits à la reconnaissance de l’univers, et nous ne cesserons d’adresser des vœux au ciel pour qu’il daigne conserver long-temps un héros aussi grand que sage. » — Lord Wellington a délicatement supprimé les signatures.

Je passe vite sur ces adulations, pitoyables effets de la peur ; mais je ne puis passer sous silence d’autres pièces non moins affligeantes pour nous, et je m’arrêterai un moment à quelques lettres dont la suscription porte le nom d’un homme de qui on peut dire qu’il a employé la dernière partie de sa vie à faire oublier le patriotisme de sa jeunesse et les éclatans services qu’il avait rendus à son pays. C’est nommer le général Dumouriez.

Dumouriez avait cinquante ans lorsque la révolution éclata. Avec une ame active, des connaissances étendues, avec le génie de la science et de la guerre, accompagné d’une sorte de souplesse et d’amabilité qui devait le faire réussir, il n’avait pas su s’élever au-dessus du rang des subalternes. Mêlé aux affaires de la Corse, il y avait montré une grande sagacité ; chargé plusieurs fois de missions difficiles, il s’en était tiré avec honneur ; investi d’un commandement en Normandie, il avait montré, dans les travaux de Cherbourg, un rare esprit d’organisation ; cependant il était resté en