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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

gnols : « Je ferai pendre tous ceux que j’attraperai. » Pour la vingtième fois, il reprend la plume sur cette matière : « Je ne viens pas en France pour la piller, écrit-il au général don Emmanuel Freyre ; je n’ai pas fait tuer et blesser des milliers d’officiers et de soldats pour que les restes des derniers puissent piller les Français. J’ai vécu assez long-temps parmi les soldats, et j’ai commandé assez long-temps les armées pour savoir que le seul moyen efficace d’empêcher le pillage, surtout dans les armées composées de différentes nations, est de faire mettre la troupe sous les armes. La punition ne fait rien, et d’ailleurs les soldats savent bien que, pour cent qui pillent, un est puni, au lieu qu’en tenant la troupe rassemblée, on empêche le pillage, et tout le monde est intéressé à le prévenir.

« Si vous voulez avoir la bonté de demander à vos voisins les Portugais et les Anglais, vous trouverez que je les ai tenus sous les armes des journées entières, que je l’ai fait cinq cents fois, non seulement pour empêcher le pillage, mais pour faire découvrir par leurs camarades ceux qui ont commis des fautes graves, qui sont toujours connus du reste de la troupe. Jamais je n’ai cru que cette disposition était d’aucune manière offensante pour les généraux et les officiers de l’armée ; jamais, jusqu’à présent, elle n’a été censée telle, et je vous prie de croire que, si j’avais quelque motif de censurer la conduite des généraux ou des officiers, je le ferais avec la même franchise que j’ai donné ces ordres que je crois les meilleurs pour empêcher le pillage.

« Je n’ai pas donné de tels ordres aux troupes espagnoles en Espagne, parce que c’était leur pays, et je connaissais bien la nécessité où était tout le monde ; mais je le faisais tous les jours avec les autres. Après cette explication que je vous prie de faire connaître aux généraux de l’armée espagnole, j’espère qu’on ne croira pas désormais que j’aie l’intention d’offenser qui que ce soit ; mais il faut que je vous dise que, si vous voulez que votre armée fasse de grandes choses, il faut bien se soumettre à la discipline, sans laquelle rien ne peut se faire, et il ne faut pas croire que chaque disposition est une offense. »

L’affaire du libelle inséré dans le Duende occupe encore lord Wellington après son entrée en France, et, dans une lettre à son frère, sir H. Wellesley, il l’attribue au ministre de la guerre, en Espagne, qu’il nomme militairement the greatest of all blackguards ; mais le ressentiment de lord Wellington tient à ce que ce libelle a attaqué sir Thomas Graham et les officiers de son armée. Pour lui, il n’y était pas même désigné, et on peut le croire quand il déclare