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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

jeune Wellesley le commandement des troupes du Nizam, lors de l’attaque de Seringapatnam il eut à lutter à la fois contre ses propres officiers et contre les troupes de Tippoo. Tout le monde sait que, dans sa première affaire, le jeune Wellesley ne se montra pas aussi épris du sifflement des balles que le fut en pareil cas Charles XII, et le général Harris, qui commandait en chef, ne pensait pas que le jeune officier qui revenait si agité dans le camp, serait un jour le héros de l’Angleterre.

Je dirai peu de chose des volumes de la collection des dépêches du duc de Wellington qui ont rapport aux affaires militaires dont il eut la direction dans l’Inde. Nos lecteurs ont déjà pu suivre ces premières années de la carrière militaire du général anglais dans une remarquable notice publiée par la Revue[1]. On sait comment le jeune et timide lieutenant-colonel se changea en un général indifférent au danger, et déjà digne d’une haute réputation. Sir Arthur Wellesley eut affaire dans l’Inde à des chefs dont la tactique était assez semblable à celle d’Abd-el-Kader, mais dont l’habileté était plus grande, et à des troupes plus redoutables que les Arabes, car elles étaient plus nombreuses et commandées par des officiers européens. Scindiah, comme Hyder-Ali, détruisait les armées anglaises rien qu’en les fuyant, en les entraînant à sa poursuite, dans de vastes contrées sans ressources, sans herbe, sans eau, en se dérobant à elles dans des bois impénétrables, ou en les attaquant à l’improviste par les détours d’un pays qui lui était aussi connu qu’il était nouveau pour ses adversaires. C’est en le poursuivant que Wellington apprit à connaître toutes les ressources de la persévérance, ressources qu’il employa si bien depuis. C’est peut-être aussi en servant sous l’autorité suprême d’une compagnie de marchands, qu’il contracta l’habitude de régularité, la méthode de comptable, qui l’ont si bien servi dans la guerre d’Espagne. Il eut déjà l’occasion de déployer ce sentiment de justice et ce goût honorable de ponctualité dans la commission de répartition du territoire conquis dans le Mysore, dont il fit partie, et il revint en Angleterre, en 1803, avec la réputation d’homme intègre, jointe à celle de général habile, qu’il avait surtout gagnée dans l’expédition du Décan, à la meurtrière bataille d’Assye, où furent écrasés les Mahrattes.

Pour rendre justice au duc de Wellington, et la justice qui est due à son principal mérite, qui est la fermeté avec laquelle il assu-

  1. Voyez la livraison du 15 novembre 1837.