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LOPE DE VÉGA.[1]

Parmi les nombreuses vallées qui sillonnent les revers septentrionaux des montagnes des Asturies, celle de Carriedo est une des plus connues. Outre sa petite capitale, située à quatre lieues au sud de Santander, et dont elle a pris son nom de Carriedo, on y compte une douzaine de bourgades ou de villages, la plupart agréablement situés, les uns sur les bords du Pisuena, les autres sur des éminences ou dans des réduits pittoresques. Entre tous ces villages, celui de la Véga mérite d’être signalé à l’historien ; c’est l’ancien Solar, ou, comme nous dirions, l’ancien fief des ancêtres de Lope de Véga. Au plus haut point de sa gloire et de sa renommée, Lope aimait à rappeler cette origine montagnarde, et à rapprocher ainsi le berceau de sa famille de celui de l’Espagne moderne. Il a introduit dans ses drames divers personnages qui, obligés de déclarer le nom de leur pays, se disent Asturiens du val de Carriedo, sans que l’on puisse

  1. Cette biographie a été composée pour servir d’introduction à un cours professé cette année à la Sorbonne, par M. Fauriel, sur le théâtre de Lope de Véga. Elle paraît ici telle qu’elle a été lue, sans autre changement que des corrections de détail, mais détachée des considérations préliminaires où l’auteur a jugé à propos d’entrer pour établir le caractère vraiment historique de quelques ouvrages de Lope dont il a fait beaucoup d’usage, et particulièrement du fameux drame en prose intitulé Dorothée. Cette discussion n’aurait guère pu intéresser que les personnes déjà versées dans la connaissance de la littérature espagnole, et nous l’avons omise. Quant aux divers aperçus sur le théâtre de Lope de Véga, auxquels cette notice biographique a servi d’introduction, nous espérons pouvoir en présenter un résumé en trois ou quatre articles, qui seront le complément de celui-ci.