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d’attendre une chance favorable pour le transporter sur les marchés de la Californie.

Quelques maisons américaines se sont établies, depuis quelques années, à Honolulu ; elles sont au nombre de quatre ou cinq, et ne font que des affaires peu considérables. Il n’y a qu’une seule maison anglaise ; encore est-elle de très peu d’importance. Le commerce français a paru, à de longs intervalles, aux îles Sandwich ; mais le hasard seul l’y a conduit, et aucune opération directe, depuis celle qui fut faite en 1826 par une maison de Bordeaux, à l’instigation de Rives, médecin de Tamea-Mea, qui avait accompagné Rio-Rio en Angleterre, n’a été dirigée de France vers ce pays.

La consommation des îles Sandwich ne va pas au-delà de 4 ou 500,000 fr., et la somme totale des importations, soit pour la consommation, soit en entrepôt, s’élève à peine à 200,000 piastres (fr. 1,000,000).

La consommation du pays consiste en quelques toiles de coton blanches, écrues et imprimées, en quincaillerie, planches, bois, poutres, sucre, café, liqueurs fortes, etc. ; l’importation des objets de luxe et de demi-luxe se borne à ce que peuvent consommer cinq ou six cents Européens ou Américains du nord, généralement assez pauvres, qui résident dans les différentes îles. Les Américains portent aux îles Sandwich des cotons blancs et écrus, des savons, des habillemens faits pour hommes et femmes, de la farine, du rum, quelques vins et autres articles français, etc. ; les chargemens anglais se composent principalement d’indiennes, cotons blancs, toile à voiles, cordage, quincaillerie, fourniture, pour les navires, etc. ; les planches et poutres viennent de la Nouvelle-Zélande, le sucre des îles de la Société (Taïti) ou du Pérou.

Les îles Sandwich donnent, en échange de ces importations, du bois de sandal, des provisions de bouche, un peu d’huile de kukui, qui est d’une qualité excellente pour brûler, parfaitement limpide et sans odeur, et de l’argent, qu’elles reçoivent des bâtimens qui viennent y renouveler leurs vivres. Mais elles pourront produire, aussitôt que l’industrie agricole s’y sera développée, toutes les denrées appelées coloniales, et leur commerce, limité aujourd’hui, devra nécessairement s’étendre à mesure qu’elles pourront offrir plus de produits en échange. Aujourd’hui, la plus grande ressource commerciale des îles Sandwich est dans l’affluence des bâtimens baleiniers qui croisent sur les côtes du Japon, et qui viennent deux fois par an, en février et en octobre, au port d’Honolulu, pour y réparer leurs avaries et y faire des provisions qu’ils y trouvent très bonnes et à bon marché. Il entre, chaque année, à Honolulu, environ cinquante à soixante baleiniers américains, et vingt à vingt-cinq baleiniers anglais. On a calculé que les dépenses de chaque navire baleinier s’élevaient, dans une relâche, à environ 500 piastres (2500 francs) faisant un total de 35 à 40,000 piastres (175 à 200,000 francs).

Le bois de sandal est devenu très rare aujourd’hui ; il faut aller le chercher par des routes presque impraticables. Pendant les premières années de l’exploitation, les forêts de sandal furent coupées sans discernement et sans précaution ; c’était un trésor dont les chefs ne connaissaient pas la valeur et dont ils