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REVUE DES DEUX MONDES.

Jusques sur ces graviers viennent se faire jour.
Comment donc rassurer ma pauvre conscience ?
Cette cloche d’enfer sonne, et j’entre en démence.

Ce qui tient à l’église lui répugne ; Méphistophélès le confirme de toutes ses forces dans ces dispositions, et lui conseille de s’emparer de la chaumière et du bois qui l’entoure, et d’offrir en dédommagement, aux pieux époux, un petit bien que Faust leur a choisi d’avance. Au même instant, la voix de Lynceus annonce l’incendie. L’espace est envahi, les arbres craquent, les murailles s’effondrent, le fléau grandit jusqu’au ciel : c’est la maison des pasteurs qui brûle ; l’incendie consume la chapelle et les tilleuls centenaires. À de pareils ravages Faust reconnaît l’ouvrier, et comme autrefois, sur la montagne, l’accable de ses malédictions. Cependant peu à peu les tempêtes de sa colère s’apaisent avec l’incendie ; alors une mélancolie inexorable s’empare de sa conscience, et le vent mortel de la tristesse souffle sur lui du milieu des ruines encore fumantes.


Faust, sur le balcon. — Les étoiles ont recouvré les yeux et la clarté, le feu tombe et flambe terre à terre, un petit vent qui fait tressaillir l’attise et m’apporte ici la fumée et la vapeur. — Ordre donné en un clin d’œil, exécuté trop vite ! Mais qui flotte dans l’ombre ainsi vers moi ?

(Minuit. Quatre femmes vêtues de gris s’avancent.)
la première.

Je suis la Pénurie.

la seconde.

Je suis la Pénurie.Et moi la Conscience.

la troisième.

Moi, je suis le Souci.

la quatrième.

Moi, je suis le Souci.Moi, je suis le Malheur.

à trois.

Oh ! la porte est fermée ; on n’entre pas, je pense.
Un riche habite là dans toute sa splendeur.

la pénurie.

Un riche habite là ? Moi j’y deviens fantôme.

la conscience.

Là je suis à néant réduite.

le malheur.

Là je suis à néant réduite.Avec effroi
Là le visage heureux se détourne de moi.