Que me veux-tu ? Je suis pressé.
Mais, vraiment, vous ne reconnaissez pas ma voix, Astolphe ? Votre miroir vous absorbe !
Eh bien ! qu’y a-t-il ? Je vous regarde. Vous n’êtes pas mal mise. Où passez-vous la nuit ?
Du dépit ? La jalousie le rendra moins fier. Payons d’assurance. (Haut.) Je soupe chez Ludovic.
J’en suis bien aise, c’est là aussi que je vais tout à l’heure.
Je ne m’étonne plus de ce riche déguisement. Ce sera une fête magnifique. Les plus belles filles de la ville y sont conviées ; chaque cavalier amène sa maîtresse. Et tu vois que mon costume n’est pas de mauvais goût.
Un peu mesquin ! C’est du goût d’Antonio ? Ah ! je ne reconnais pas là sa libéralité accoutumée. Il paraît, ma pauvre Faustina, qu’il commence à se dégoûter de toi ?
C’est moi plutôt qui commence à me dégoûter de lui.
Pauvre garçon !
Vous le plaignez ?
Beaucoup, il est en veine de malheur. Son oncle est mort la semaine passée, et ce matin à la chasse, le sanglier a éventré le meilleur de ses chiens.
C’est juste comme moi : ma camériste a cassé ce matin mon magot de porcelaine du Japon, mon perroquet s’est empoisonné avant-hier, et je ne t’ai pas vu de la semaine.
Qu’est-ce que tu dis de Célimène ? J’ai dîné chez elle hier. Et toi, où dînes-tu demain ?
Avec toi.