C’est possible ! mais une idée !… Chacun a les siennes !
Eh bien ! moi, qui ne suis qu’un mauvais sujet, je ne voudrais pas parler ainsi. J’étais bien jeune aussi quand je perdis mon père, mais tout ce qui me vient de lui m’est précieux.
Je le crois bien !
Je vois que vous ne songez ni à ce que vous me dites, ni à ce que je vous réponds. Vous êtes préoccupé ? à votre aise ! — fatigué peut-être ? Buvez un gobelet de vin. Il n’est pas trop mauvais pour du vin de prison.
Je ne bois jamais de vin.
J’en étais sûr ! à ce régime-là votre barbe ne poussera jamais, mon cher enfant.
C’est fort possible ; la barbe ne fait pas l’homme.
Elle y contribue du moins beaucoup ; cependant vous êtes en droit de parler comme vous faites. Vous avez le menton comme le creux de la main, et vous êtes, je crois, plus brave que moi.
Vous croyez ?
Drôle de garçon ! c’est égal ; un peu de barbe vous ira bien. Vous verrez que les femmes vous regarderont d’un autre œil.
Les femmes ?
Oui. Est-ce que vous n’aimez pas non plus les femmes !
Je ne peux pas les souffrir.
Ah ! ah ! qu’il est original ! alors qu’est-ce que vous aimez ! le grec, la rhétorique, la géométrie, quoi ?
Rien de tout cela. J’aime mon cheval, le grand air, la musique, la poésie, la solitude, la liberté avant tout.
