C’était bien sa demeure, et c’est bien lui, je ne l’ai pas perdu de vue depuis qu’il est sorti. Ce n’est pas le vieux serviteur dont on m’a parlé… Celui-ci est un jeune homme.
(Mosca hurle pour la troisième fois en se serrant contre Gabriel.)
Décidément c’est le mauvais présage. Qu’il s’accomplisse, ô mon Dieu ! Je sais que, pour moi, il n’est plus de malheur possible !
Le diable de chien ! Heureusement il ne paraît pas y faire attention… Par le diable ! c’est si facile, que je n’ai pas le courage ! Si je n’avais pas femme et enfans, j’en resterais là !
Cependant avec la liberté… (et ma démarche auprès du pape doit me mettre à l’abri de tout), la solitude pourrait être belle encore. Que de poésie dans la contemplation de ces astres dont mon désir prend possession librement, sans qu’aucune vile passion l’enchaîne aux choses de la terre ! liberté de l’ame ! qui peut t’aliéner sans folie ? (Étendant les bras vers le ciel.) Rends-moi cette liberté, mon Dieu ! mon ame se dilate rien qu’à prononcer ce mot : liberté !…
Droit au cœur, c’est fait !
C’est bien frappé, mon maître. Je demandais la liberté, et tu me l’as donnée. (Il tombe, Mosca remplit l’air de ses hurlemens.)
Le voilà mort ! — Te tairas-tu, maudite bête ? (Il veut le prendre, Mosca s’enfuit en aboyant.) Il m’échappe ! Hâtons-nous d’achever la besogne. (Il s’approche de Gabriel, et essaie de le soulever.) Ah ! courage de lièvre ! Je tremble comme une feuille ! Je n’étais pas fait pour ce métier-là.
Tu veux me jeter dans le Tibre ? Ce n’est pas la peine. Laisse-moi mourir en paix à la clarté des étoiles. Tu vois bien que je n’appelle pas au secours, et qu’il m’est indifférent de mourir.
Voilà un homme qui me ressemble. À l’heure qu’il est, si ce n’était l’affaire de comparaître au jugement d’en haut, je voudrais être mort. Ah ! j’irai demain à confesse !… Mais, par tous les diables ! j’ai