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REVUE DES DEUX MONDES.

FAUSTINA.

Au contraire, je t’attends !

ASTOLPHE.

En vérité ! il paraît que les femmes pratiquent un grand désintéressement cette année : dames et prostituées préfèrent leur amant à leur fortune, et, si cela continue, on pourra les mettre toutes sur la même ligne.

FAUSTINA, remarquant Gabriel en domino, qui reparaît.

Voilà un monsieur bien curieux !

ASTOLPHE.

C’est peut-être celui qui a apporté cette pancarte ?… (Il embrasse Faustina.) Il pourra voir que je ne suis point, ce soir, aux affaires sérieuses. Viens, ma chère Fausta. Auprès de toi, je suis le plus heureux des hommes. (Gabriel disparaît. Astolphe et Faustina se disposent à sortir.)


Scène V.


ANTONIO, FAUSTINA, ASTOLPHE.
(Antonio, pâle et se tenant à peine, se présente devant eux au moment où ils vont sortir.)
FAUSTINA, jetant un cri et reculant effrayée.

Est-ce un spectre ?…

ASTOLPHE.

Ah ! le ciel me l’envoie ! Malheur à lui !…

ANTONIO, d’une voix éteinte.

Que dites-vous ? Reconnaissez-moi. Donnez-moi du secours, je suis prêt à défaillir encore. (Il se jette sur un banc.)

FAUSTINA.

Il laisse après lui une trace de sang. Quelle horreur ! que signifie cela ? Vous venez d’être assassiné, Antonio ?

ANTONIO.

Non ! blessé en duel… mais grièvement…

FAUSTINA.

Astolphe ! appelez du secours…

ANTONIO.

Non, de grâce !… ne le faites pas… Je ne veux pas qu’on sache… Donnez-moi un peu d’eau !…

(Astolphe lui présente de l’eau dans un verre. Faustina lui fait respirer un flacon.)
ANTONIO.

Vous me ranimez…