Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
DE L’INDUSTRIE LINIÈRE.

projets nouveaux : le nombre en était grand dès l’année dernière, et il s’accroît de jour en jour ; mais ces projets sont demeurés jusqu’à présent sans résultat. C’est qu’on s’attendait autrefois au concours du gouvernement et à la protection de la loi, et que cette protection, souvent promise, ne s’est pas encore réalisée. Toute cette situation peut se résumer en deux mots : depuis plus d’un an le gouvernement délibère et l’industrie attend.

Cependant les choses ne sont pas demeurées absolument dans le même état. Le temps a été mis à profit en ce sens que les établissemens qui étaient l’année dernière en voie de formation ont poursuivi leurs travaux. Les uns sont sortis de terre ; les autres, plus avancés, ont augmenté leur matériel et formé leurs ouvriers. Malgré cela, nous ne comptons aujourd’hui même que huit établissemens en pleine activité ; ce sont ceux de MM. Scrive, à Lille ; Feray, à Essonne ; Malo et Dickson, à Dunkerque ; Liénard, à Pont-Remy ; Berard, à Bélair ; Gachet, au Blanc ; Giberton, à Vernou, et Mercier, à Alençon. De ces établissemens, les trois premiers ont été montés avec des métiers de construction anglaise, les cinq autres avec des métiers sortis des ateliers de M. Decoster. Ils font mouvoir en tout 14,880 broches ; savoir :

Celui de
Lille 
2,500 broches.
Dunkerque 
600
Essonne 
1,800
Pont-Remy 
4,380
Bélair 
300
Le Blanc 
3,440
Alençon 
1,060
Vernou 
800
14,880 broches.

À cela, on pourrait ajouter deux métiers de cent broches chacun, l’un de construction anglaise, l’autre fourni par M. Decoster, qui fonctionnent dans l’établissement de M. Vayson, à Abbeville ; mais nous avons déjà dit que cet établissement n’est pas une filature.

Le produit annuel de ces 14,880 broches peut être évalué, en prenant pour moyenne 45 kil. par broche, à 669,600 kil. de fils. C’est peu de chose assurément, et une semblable production mérite à peine de figurer dans la production totale du pays. On trouve, à la vérité, un résultat un peu plus satisfaisant si l’on tient compte des établissemens qui s’élèvent. Malheureusement les fondateurs de ces établissemens, en s’adressant à l’Angleterre, non-seulement pour en obtenir des modèles, mais encore pour faire dresser un matériel complet, et quelques-uns même pour faire construire les bâtimens, établir le moteur et composer leur personnel, n’ont pas pris la voie la meilleure ni la plus courte, et il est difficile de dire à quelle époque ils commenceront à obtenir des produits, après avoir triomphé des embarras qu’ils se sont volontairement créés.