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GABRIEL.


Scène III.


SETTIMIA, BARBE, ASTOLPHE.
ASTOLPHE, s’approchant de sa mère.

Pour l’amour de moi, ma mère, reprenez vos sens. J’aurais désiré que les choses se passassent moins brusquement, et surtout pas en votre présence. Je me l’étais promis ; mais cela n’a pas dépendu de moi : le maintien cafard et impudent de cet homme m’a fait perdre le peu de patience que j’ai. (Settimia pleure.)

BARBE.

Et que vous a-t-il donc fait, cet homme, pour vous mettre ainsi en fureur ?

ASTOLPHE.

Dame Barbe, ceci ne vous regarde pas. Laissez-moi seul avec ma mère.

BARBE.

Allez-vous donc me chasser de la maison, moi aussi ?

ASTOLPHE, lui prend le bras et l’emmène vers la porte.

Allez dire vos prières, ma bonne femme, et n’augmentez pas, par votre humeur revêche, l’amertume qui règne ici.

(Barbe sort en grommelant.)

Scène IV.


ASTOLPHE, SETTIMIA.
SETTIMIA, sanglotant.

Maintenant, me direz-vous, enfant dénaturé, pourquoi vous agissez de la sorte ?

ASTOLPHE.

Eh bien ! ma mère, je vous supplie de ne pas me le demander. Vous savez que je n’ai que trop d’indulgence dans le caractère, et que ma nature ne me porte ni au soupçon, ni à la haine. Aimez-moi, estimez-moi assez pour me croire : j’avais des raisons de la plus haute importance pour ne pas souffrir une heure de plus ce moine ici.

SETTIMIA.

Et il faut que je me soumette à votre jugement intérieur, sans même savoir pourquoi vous me privez de la compagnie d’un saint homme qui depuis dix ans a la direction de ma conscience ? Astolphe, ceci passe les limites de la tyrannie.