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GABRIEL.

ASTOLPHE.

Le frère Côme peut être un grand médecin, mais je l’engagerai à se mêler fort peu de notre santé à tous ; de nos affaires, encore moins.

FRÈRE CÔME.

Je ne comprends pas…

ASTOLPHE.

Bien. Je me ferai comprendre ; mais pas ici.

SETTIMIA, toute préoccupée et sans faire attention à ce que dit Astolphe.

Astolphe, écoute donc ! Il dit que l’héritier de la branche aînée a disparu, et qu’on le croit mort.

ASTOLPHE.

Cela est faux ; il est en Angleterre où il achève son éducation. J’ai reçu une lettre de lui dernièrement.

SETTIMIA, avec abattement.

En vérité !

BARBE.

Hélas !

FRÈRE CÔME.

Adieu, tous vos rêves !

ASTOLPHE.

Pieux sentimens ! charitable oraison funèbre ! Ma mère, si c’est là la piété chrétienne comme l’enseigne le frère Côme, vous me permettrez de faire schisme. Mon cousin est un charmant garçon, plein d’esprit et de cœur. Il m’a rendu des services, je l’estime, je l’aime, et, s’il venait à mourir, personne ne le regretterait plus profondément que moi.

FRÈRE CÔME, d’un air malin.

Ceci est fort adroit et fort spirituel !

ASTOLPHE.

Gardez vos éloges pour ceux qui en font cas.

SETTIMIA.

Astolphe, est-il possible ? Tu étais lié avec ce jeune homme, et tu ne nous en avais jamais parlé ?

ASTOLPHE.

Ma mère, ce n’est pas ma faute si je ne puis pas dire toujours ce que je pense. Vous avez autour de vous des gens qui me forcent à refouler mes pensées dans mon sein. Mais aujourd’hui je serai très franc, et je commence. Il faut que ce capucin sorte d’ici pour n’y jamais reparaître.