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GOETHE.

FAUST,

DER TRAGÖDIE ZWEITER THEIL.


I.

Il y a des œuvres généreuses et fécondes entre toutes, mais que du premier coup on juge inaccessibles, tant ce luxe d’imagination qui en défend l’entrée épouvante dès le premier abord les intelligences paresseuses et les force à reculer, parce qu’en effet toutes les idées, toutes les formes s’y croisent pêle-mêle et flottent incessamment dans une vapeur lumineuse qu’on ne peut cependant appeler le jour. Tantôt c’est le symbole qui balance au vent du soir sa fleur de lotus à demi close, tantôt l’ode qui chante en ouvrant dans l’azur des cieux ses ailes d’aigle ; tantôt, enfin, la satire qui siffle sous vos pieds comme un serpent. Toutes les choses de l’esprit, tous les trésors dont il dispose, se trouvent entassés comme par miracle dans ces mondes de la pensée. Ainsi de la seconde partie de Faust. Quiconque ouvrira ce livre, unique peut-être dans le domaine de la poésie, hésitera d’abord, et sans nul doute, — à moins d’avoir en soi cette espèce de spontanéité excentrique qui fait que l’on peut suppléer par sa propre intelligence à l’obscurité d’un passage et jeter une lu-