finances, M. Pita Pizarro ; mais à coup sûr, ce n’est ni la lutte de deux grands principes politiques, ni l’opposition de deux systèmes de gouvernement. Cependant le comte de Luchana, qui est au moins un homme prudent, vient d’obtenir en Biscaye un faible succès sur Maroto. Ce serait bien pour un début de campagne, s’il était probable que ce succès dût être poussé plus loin. Malheureusement il n’en sera rien, soit par la faute de l’armée, soit par la faute du général. Espartero, de son côté, et Maroto du sien, se trouvent trop bien de la dictature dont ils jouissent pour la compromettre par quelque entreprise hardie dans la guerre ou dans la politique. Aussi voyez-vous qu’ils ne se hasardent guère, et que, malgré tous les bruits de transaction dont on parle, la question non-seulement n’avance pas, mais n’est pas même abordée avec la volonté sérieuse d’en finir. Et pourtant, si je ne me trompe, cette transaction est aujourd’hui possible, sur la base de la reconnaissance des fueros et de la garantie des intérêts personnels. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’indulgence avec laquelle on a jugé les sanglantes exécutions d’Estella ; c’est que l’on a regardé Maroto, à tort ou à raison, comme capable de sacrifier don Carlos à la pacification de l’Espagne, lui qui n’avait pas craint de l’humilier sans pitié à la face de toute l’Europe, dans le seul intérêt de sa propre puissance. Mon idée là-dessus, et je crois vous l’avoir déjà exprimée, c’est que toute transaction entre la cause constitutionnelle et la cause carliste, praticable quant au fond des choses, ne peut avoir lieu sans une médiation et une garantie étrangère. Le temps de l’intervention par les armes est passé. Celui de l’intervention par la politique est arrivé, si l’Espagne libérale, qui, malgré sa ridicule impuissance, a presque découragé nos sympathies par le plus niais orgueil, consent à se mettre pour quelque temps sous la tutelle intelligente d’un pays allié ; car il faudrait tout refaire chez elle et pour ainsi dire sans elle, réorganiser ses finances, son administration, son armée, et lui donner pour cela des généraux, des administrateurs et des financiers. Mais le moyen de faire entendre pareille chose à la nation espagnole tant qu’elle se croira la première du monde, parce qu’elle a le siége de Sarragosse, le dos de mayo (journée du 2 mai 1808) qu’elle devrait bien ne plus célébrer, et je ne sais quelle victoire sur les armées françaises, avec l’aide du duc de Wellington et de soixante mille Anglais. En vérité, la pauvre Espagne a si peu gagné à toute cette gloire, si gloire il y a, qu’il serait de bon goût à elle d’en faire moins de bruit. Les afrancesados lui auraient épargné les réactions absolutistes et libérales, ou prétendues telles, qui ne lui ont valu ni ordre ni liberté, ni prospérité matérielle ni grandeur morale, et qui, en la ballotant d’un extrême à l’autre, l’ont réduite au degré d’abaissement et d’impuissance dont il serait bien temps qu’elle cherchât enfin à se relever.