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LA VALACHIE.

sont gratuits, peut acquérir les connaissances nécessaires à son avenir. Ces quatre classes sont elles-mêmes partagées chacune en plusieurs sections. J’ai visité ces différentes classes avec beaucoup d’intérêt ; les enfans qui furent examinés devant moi et à l’improviste m’ont paru répondre avec intelligence à quelques questions de géométrie et d’arithmétique ; je n’ai pu juger du reste que par analogie. Quatre autres écoles dans Boukarest, et vingt dans les districts, sont ouvertes gratuitement à tous ceux qui veulent les suivre. L’instruction primaire et l’organisation communale auront, dans vingt ans, il faut l’espérer, changé la face de la Valachie.

Le programme des humanités, que je transcris tel qu’il a été arrêté pour 1838, mérite surtout de fixer l’attention :

1re  classe. — Élémens de français, — grammaire valaque.
2e  classe. — Langue française, — géographie, — dessin.
3e  classe. — Essais de compositions en français.
4e  classe. — Histoire ancienne, — langue grecque, — français, — dessin.
5e  classe. — Histoire moderne, — français, — grec et latin.
6e  classe. — Philosophie.

Ce programme est curieux ; il prouve d’une manière incontestable l’empire exercé par les mœurs sur la politique. Si quelque chose, en effet, pouvait favoriser l’influence russe, c’était l’introduction de la langue slave dans les principautés ; eh bien ! non-seulement cette langue n’y est enseignée dans aucun cours public, mais le gouvernement russe a été forcé d’adopter le français comme base de l’instruction. Cette mesure nous donne une grande force morale ; nos idées se font jour avec notre langue ; les boyards lisent peu, mais ils n’ouvrent guère que des livres français. Tous les riches prennent pour leurs enfans un instituteur français ; et si, parmi nos compatriotes établis à Boukarest, il est des hommes peu honorables et dangereux, j’y ai rencontré des jeunes gens de talent et de cœur, pénétrés de l’importance de leurs devoirs et bien dignes de toutes nos sympathies. — La dernière classe du collége de Saint-Savain est consacrée aux études complémentaires ; elle se divise en deux sections : dans la première, on enseigne l’algèbre et la géométrie transcendante ; dans la seconde, la trigonométrie et le droit. Ces cours sont peu suivis ; les boyards préfèrent envoyer leurs fils dans les universités étrangères. Ces jeunes gens ne revinrent d’abord à Boukarest, comme on le leur a spirituellement reproché, qu’avec des habits bien faits ; mais aujour-