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LE PRINCE
DE TALLEYRAND.

Il y a bientôt un an que le dernier grand représentant du XVIIIe siècle, l’homme d’esprit qui s’était entretenu avec Voltaire, le constituant célèbre qui avait pris une part si considérable aux actes de la première révolution, l’ami de Sieyès, l’exécuteur testamentaire de Mirabeau, le conseiller de Napoléon pendant les huit premières années de sa puissance, l’auteur de la restauration, qui s’est si tôt éloigné d’elle, le diplomate consommé qui avait participé si souvent à la distribution des états, est mort à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.

J’ai à retracer aujourd’hui sa vie, si étroitement mêlée à l’histoire de notre époque ; à apprécier ses œuvres dont la plupart se confondent avec les évènemens contemporains eux-mêmes. C’est une tâche bien vaste pour être resserrée dans les bornes étroites d’un discours, et bien difficile à remplir dans un temps encore si rapproché des actes que j’ai à rappeler. Je m’efforcerai d’y suffire ; j’essaierai de ne rien omettre d’important, de ne rien dire que de vrai. Tout en accordant, ce que je dois au corps devant lequel je parle[1], aux souvenirs personnels qui me restent, je me croirai devant l’histoire. Mais, si je rem-

  1. M. Mignet a lu cette notice devant l’Académie des Sciences morales et politiques, dans la séance du 11 mai.