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LES SEPT CORDES DE LA LYRE.

l’hyménée ; tu sais qu’elle demande à grands cris une loi nouvelle, un amour plus pur, des liens plus larges et plus forts. Viens à mon aide, et prête-moi ta lumière, ô toi qu’un rayon du ciel a traversée ! Unis dans une sainte affection, nous proclamerons par notre bonheur et par nos vertus la volonté de Dieu sur la terre. Sois ma compagne, ma sœur et mon épouse, ô chère fille inspirée ! Révèle-moi la pensée céleste que tu chantes sur ta lyre. Appuyés l’un sur l’autre, nous serons assez forts pour terrasser toutes les erreurs et tous les mensonges des faux prophètes. Nous serons les apôtres de la vérité ; nous enseignerons à nos frères corrompus et désespérés les joies de l’amour fidèle et les devoirs de la famille.

hélène, jouant de la lyre.

Écoute, ô esprit de la lyre ! ceci est un chant sacré, c’est une belle et noble harmonie ; mais je la comprends à peine, car c’est une voix de la terre, et depuis long-temps mes oreilles sont fermées aux harmonies de la terre. Les cordes d’argent ne chantent plus ; les cordes d’acier sont devenues muettes. Explique-moi l’hymne de la sagesse, toi qui du ciel es decendu parmi les hommes.

l’esprit de la lyre.

Je ne puis plus rien t’expliquer, ô fille de la Lyre ! je ne puis que te chanter l’amour. J’ai perdu la science, je l’ai perdue avec joie ; car l’amour est plus grand que la science, et ton ame est l’univers où je veux vivre, l’infini où je veux me plonger. La sagesse te parle de travaux et de devoirs ; la sagesse te parle de la sagesse ; tu n’as pas besoin de sagesse, si tu as l’amour. Hélène ! l’amour est la suprême sagesse ; la vertu est dans l’amour, et le cœur le plus vertueux est celui qui aime le plus. Fille de la lyre, n’écoute que moi ; je suis une mélodie vivante, je suis un feu dévorant. Chantons et brûlons ensemble ; soyons un autel où la flamme alimente la flamme ; et, sans nous mêler aux feux impurs que les hommes allument sur l’autel des faux dieux, nourrissons-nous l’un de l’autre, et consumons-nous lentement jusqu’à ce que, épuisés de bonheur, nous mêlions nos cendres embrasées dans le rayon de soleil qui fait fleurir les roses et chanter les colombes.

albertus, à Hélène.

Hélas ! tu me réponds par un chant sublime qui allume en moi un désir toujours plus vaste ; mais la sympathie ne met pas ton chant en rapport avec ma prière. Quitte la lyre, ô Hélène ! tu n’as pas besoin de mélodie ; ta pensée est un chant plus harmonieux que toutes les