Ses paroles embrasent mon sang, et pourtant sa main me glace, comme si elle était de marbre !
Donnez un aliment à cette flamme, et, quand elle aura brûlé le temps nécessaire, elle s’éteindra d’elle-même ; car, étant de nature terrestre, elle doit périr. L’autre, qui est céleste, lui survivra et vous possédera tout entier.
Mais, pour aimer, il faut pouvoir être aimé.
Vous l’êtes peut-être déjà sans vous en douter ?
Moi !… Qui pourrait donc m’aimer ?… (Brusquement.) Maître Jonathas, ne la nommez pas !… je vous le défends.
Vous pensez que son nom serait profané dans ma bouche ? Vous êtes déjà bien amoureux, maître Albertus ?
Mais elle ne m’aime pas ; elle ne m’aimera jamais…
Elle vous aimera quand vous voudrez, et cet amour lui rendra la raison, la santé et la vie !
Et que faut-il donc faire pour qu’elle m’aime ?
Il faut briser encore deux cordes à la lyre ; et quand vous serez las d’aimer, ou effrayé de la force de votre amour, il ne tiendra qu’à vous d’en guérir sur-le-champ.
Comment cela ?
En épousant Hélène et en brisant la dernière corde de la lyre ! (à part.) Il est à moi !
Dieu ! que l’empreinte de sa main est froide !… Ma vue est troublée.… J’ai peine à retrouver mon chemin… Serait-il possible que la lyre ne fût pas brisée ?…