murs du cachot et n’arrivent à l’oreille de leurs frères ; je vois des paysans dont on déchire la chair avec des hameçons de fer, parce qu’ils ont oublié de couper leur barbe et d’endosser la livrée du vainqueur ; je vois une nation qu’on veut rayer de la face du globe, comme si elle n’avait jamais existé. On lui ôte ses chefs, ses libérateurs, ses prêtres, ses institutions, ses biens, son costume et jusqu’à son nom pour qu’elle périsse, et l’univers regarde en disant : « Qu’elle périsse ! »
Tu vois le mal qui se montre, tu ne vois pas le bien qui se cache. Ne peux-tu lire au fond des ames généreuses qui préparent le jour de la justice ! N’entends-tu pas la prière des exilés, et ces chants de la patrie absente qui appellent la colère céleste sur les injustes, la miséricorde sur les faibles, la protection sur les forts ? Fille de la lyre ! au lieu de te lamenter sur les forfaits et les infortunes de l’homme, agenouille-toi et invoque le secours d’en-haut, Prions ensemble, unissons nos larmes et nos prières. Que notre amour nous donne l’espoir et la ferveur ! Prions ! tenons-nous embrassés et prosternés aux pieds de celui…
Tais-toi ! ne nomme pas ce qui n’existe pas. Si une puissance fatale préside aux destins de l’humanité, c’est le génie du mal, car l’impunité protège le crime ! Que parles-tu de Providence ? que parles-tu d’amour ? La Providence est muette, elle est sourde, elle est impotente pour les victimes, elle est ingénieuse et active pour servir les desseins de la perversité. Sois maudite, ô Providence ! Et toi, Esprit, ne me parle plus. Tu m’as révélé des maux que j’ignorais : sois puni de tes enseignemens cruels par mon silence ; cherche l’amour dans un cœur que tu n’auras pas brisé ; demande ton salut à une ame qui pourra encore aimer et croire !
Non, non ! elle ne veut pas attenter à sa vie, Voyez ! elle jette la lyre dans l’abîme, et redescend vers nous légère comme l’hirondelle qui cache son nid au sommet des vieilles tours. Oh ! qu’elle est belle avec ses cheveux épars et sa robe blanche que le vent fait ondoyer !
Mon père, emmenez-moi, cachez-moi ! Descendez aux entrailles de la terre ; je ne veux plus voir le soleil, je ne veux plus entendre aucun bruit humain. Que personne ne me parle plus… Je veux arra-