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LES SEPT CORDES DE LA LYRE.

refoulées dans mon sein comme des aspirations dangereuses ?… Et moi aussi, j’eusse pu être homme… Et moi aussi, j’eusse pu aimer…


Scène V.


HANZ, ALBERTUS.
hanz.

Nous sommes inquiets de vous, mon cher maître ; la pluie commence, et l’orage va éclater. Veuillez prendre mon bras, car l’obscurité est profonde et le sentier est escarpé.

albertus.

Hanz ! dis-moi, mon fils, es-tu heureux ?

hanz.

Quelquefois, mon bon maître, et jamais bien malheureux.

albertus.

Et ton bonheur, il te vient… de la sagesse ? de l’étude ?

hanz.

En partie ; mais il me vient aussi de la poésie, et encore plus de l’amour.

albertus.

Tu es aimé ?

hanz.

Non, mon maître. Hélène ne m’aime pas ; mais je l’aime, moi, et cela me rend heureux, quoique cela me fasse souffrir.

albertus.

Explique-moi ce mystère.

hanz.

Maître, l’amour me rend meilleur ; il élève mon ame, il l’embrase, et je me sens plus près de Dieu quand je me sens amoureux et poète… Mais rentrons, mon cher maître, la pluie augmente et le chemin sera difficile. Vous semblez plus fatigué que de coutume.

albertus.

Hanz, je me sens faible… Je crois que je suis découragé !…