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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

telles. C’est ainsi qu’observant la fièvre, ce trouble violent de tout l’organisme, ils la distinguaient et la caractérisaient suivant qu’elle se continuait sans interruption pendant des semaines entières, ou qu’elle ne durait que quelques heures, pour revenir à des périodes fixes ; suivant qu’elle était accompagnée d’un grand développement de chaleur, ou qu’elle glaçait le corps, qu’elle minait peu à peu les forces du malade et était consomptive, ou qu’elle le rendait à la santé au bout de quelques jours, après avoir exercé sur lui une action dépuratoire ; suivant encore que, dans sa marche, elle mettait en mouvement quelque grand appareil, comme celui du sang, de la bile, etc., et qu’elle affectait par là des tendances plus particulières. Cette manière d’observer et de suivre la vie de l’homme malade dans son expression la plus générale, la plus caractéristique et la plus directe, — que nous croyons ne pas devoir être la seule, mais que nous regardons comme incomparablement la plus importante ; — cette manière de prendre l’homme, dans sa totalité et dans sa substance, a fait reconnaître et distinguer de grandes classes de maladies ou de dispositions morbides, auxquelles on a donné le nom de maladies générales, d’affections morbides, de dispositions morbides ou de diathèses, de cachexies ou d’altérations de la substance organique et des humeurs vivantes. On a pu porter ces distinctions jusqu’à l’abus ; on a pu en faire de fausses, ce n’est pas la question ; nous disons pour le moment que la méthode était bonne, que le principe était vrai, et qu’ils ont déposé dans la tradition médicale, pour qui sait y lire, les plus précieuses données. Une des vérités les plus pratiques qu’ait touchées cette observation directe et naïve de la nature, c’est qu’un certain ordre de maladies sort de la règle ordinaire. Les pères de l’art, en effet, depuis Hippocrate jusqu’à Sydenham, ont reconnu que certaines maladies, telles que les épidémies, même lorsqu’elles présentent les mêmes phénomènes extérieurs, les mêmes symptômes, n’ont pas les mêmes voies de solution, et surtout ne guérissent pas par les mêmes moyens que les maladies ordinaires. De là, ce qu’ils appelaient le génie des maladies.

On comprend à quelles méthodes de traitement devaient mener de pareilles vues sur les maladies. D’abord, un grand nombre de maladies ayant d’elles-mêmes une marche régulière et une terminaison favorable, le médecin dut souvent ne faire qu’observer, qu’écarter les obstacles, que favoriser les efforts médicateurs de la nature ; et c’était une grande science ! En deuxième lieu, dans les maladies générales, le traitement dut consister, ou à introduire dans l’économie