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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

fut peu suivi et fait irrégulièrement. Les idées du professeur, au lieu de piquer par leur nouveauté, étaient vieilles, décréditées, mortes dans la plupart des esprits. Cela inspira bien encore un peu de colère à Broussais, mais non pas cette superbe humeur triomphante du Val-de-Grace qui était sûre de son auditoire. En 1836, Broussais, nouvellement engoué des doctrines phrénologiques, s’en fit un instant le prophète et le missionnaire à la Faculté ; l’affluence des auditeurs fut si considérable, que par prudence on fit suspendre le cours. Ces leçons, qui ne furent pas très nombreuses, se continuèrent dans une maison de la rue du Bac, toujours avec grande affluence, et firent bientôt après le sujet d’une publication nouvelle.

En 1832, Broussais avait été appelé à l’Académie des sciences morales et politiques, où il lut un mémoire peu de jours avant sa mort.

Il a succombé à sa maison de campagne de Vitry, près de Paris, à la suite d’une affection cancéreuse du rectum, qui, depuis plusieurs années, l’avait abreuvé de souffrances et de dégoûts. Il a observé jusqu’au dernier jour, avec une scrupuleuse exactitude, les progrès de son mal, et en a tenu un journal détaillé ; mais il s’est toujours abusé sur la nature de sa maladie.

Un des secrétaires de Broussais, qui a vécu long-temps dans son intimité, a publié dans une Notice biographique un grand nombre de détails sur la personne et sur la manière de vivre de ce célèbre médecin. Cette notice a été écrite évidemment sous l’influence d’une admiration presque superstitieuse pour l’auteur de la Médecine physiologique ; admiration comme il était possible d’en avoir il y a quinze ou vingt ans, mais comme il n’est plus permis d’en avoir aujourd’hui. Il serait trop long de transcrire ici tous ces détails biographiques, et nous laissons de côté la passion de Broussais pour les poules, l’heure à laquelle il se faisait la barbe et celle où il se faisait lire le journal, tout comme l’époque de sa vie pendant laquelle il prit de l’embonpoint, et l’eau qu’il buvait à ses repas, lentement, à l’aide d’un tuyau de paille.

Broussais était d’une grande vigueur de corps et d’une grande activité physique et intellectuelle, quoique sujet à des momens d’un assoupissement profond pendant le jour ; sa tête était d’une très heureuse conformation, et sa physionomie, quoique grippée comme celle d’un homme passionné, exprimait une intelligence vive et hardie ; ses habitudes étaient régulières et sévères : il se levait tous